Objet de tous les soupçons, la mort du dictateur libyen commence à se préciser. L’ex-dirigeant Mouammar Kadhafi "était encore vivant lorsqu'il a été hissé dans l’ambulance. Et c’est dans ce véhicule qu’il a été tué de deux balles", affirme en exclusivité le magazine Paris-Match, dont le reporter Alfred de Montesquiou s'est rendu à Syrte pour enquêter sur les dernières heures du dirigeant.
L’ex-guide libyen a été capturé vivant, puis tué à Syrte jeudi dernier, dans des circonstances controversées. Des témoignages et des vidéos évoquent l’hypothèse d’une exécution sommaire. Pour le moment, le médecin qui a pratiqué l’autopsie de la dépouille du dictateur déchu a seulement indiqué que ce dernier avait été "tué par balles".
"Livré en vie à la première ambulance"
Après que son convoi a été bombardé par l'Otan, Mouammar Kadhafi est "blessé à la tête lors de l’explosion, il saigne abondamment. Il tient debout mais ne peut plus courir", raconte le reporter. "Mohamed Lahwek, qu’on voit sur nombre de vidéos essayant de protéger Kadhafi contre la foule enragée, déclare qu’il était encore semi-conscient quand il l’a pris dans son pick-up (...) et affirme pourtant l’avoir livré en vie à la première ambulance", poursuit Paris-Match.
"Ni lui ni ses hommes ne veulent expliquer les deux balles qu’il a reçues dans le poumon droit. Le regard un peu fuyant, ils affirment ne pas se souvenir des coups de poing et de pied qu’on voit pleuvoir sur Kadhafi dans une des vidéos qui circulent sous le manteau dans Misrata", ajoute Alfred de Montesquiou. Et ce dernier de souligner qu'il est très peu probable que deux balles tirées de loin dans une bousculade puisse faire des impacts aussi proches sur le ventre du dictateur, soulignant l'hypothèse d'une exécution.
Une commission pour tenter de faire la lumière
Pressé par la communauté internationale, le Conseil national de transition a annoncé le 24 octobre la mise en place d’une commission d’enquête sur les circonstances de la mort de Mouammar Kadhafi. "Pour répondre aux requêtes internationales, nous avons commencé à mettre en place une commission chargée d'enquêter sur les circonstances de la mort de Mouammar Kadhafi dans l'accrochage avec son entourage au moment de sa capture", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Benghazi.
"La mort du colonel Kadhafi est un événement mitigé pour les nouveaux dirigeants libyens", analyse Daniel Korski, chercheur au Conseil européen des relations extérieures. "Ils s'évitent un feuilleton judiciaire sans fin à la Slobodan Milosevic, qui aurait pu servir de point de ralliement pour les soutiens de l'ex-dictateur, mais sa mort prive aussi le nouveau gouvernement libyen de la possibilité de prouver qu'il vaut mieux que lui", ajoute-t-il.