L'info. Dans un entretien à paraître lundi dans l’hebdomadaire Jeune Afrique, le président rwandais, Paul Kagamé, accuse une nouvelle fois la France de "participation" au génocide. Cette déclaration intervient à la veille des cérémonies marquant le 20ème anniversaire du génocide 1994, dont le nombre de victimes est estimé à 800.000 personnes, essentiellement tutsi.
#Rwanda : Sortir du #génocide. Interview de #PaulKagame. Dans @jeune_afrique le 06/04. Et aussi #Algerie#DZ2014pic.twitter.com/bLKlWGua1p— Jeuneafrique.com (@jeune_afrique) 4 Avril 2014
"Complice, certes, mais aussi acteurs". Évoquant la question des responsabilités, le président rwandais dénonce le "rôle direct de la Belgique et de la France dans la préparation politique du génocide et la participation de cette dernière à son exécution même". Paul Kagamé accuse les soldats français de l'opération militaro-humanitaire Turquoise, déployée en juin 1994, d'avoir été "complices certes" mais aussi "acteurs" des massacres.
Des accusations répétées. Ce n'est pas la première fois que Paul Kagamé lance de telles accusations, maintes fois démenties par Paris. En août 2008, à l'occasion de la publication du rapport de la commission d'enquête rwandaise sur le rôle supposé de la France dans le génocide, le juge Bruguière, alors chargé de l'enquête, avait désigné Paul Kagamé comme responsable de l'attentat du 6 avril 1994, qui avait coûté la vie au président rwandais de l'époque, et servi de prétexte au déclenchement du massacre. Paul Kagamé avait nié toute implication, et Kigali avait rompu ses relations avec Paris en novembre 2006. Trois ans plus tard, après de longues tractations, les deux pays avaient rétabli leurs relations diplomatiques. En février 2010, quinze ans après le génocide, Nicolas Sarkozy s'était rendu au Rwanda, et avait reconnu de "graves erreurs d’appréciation" et "une forme d’aveuglement" de la France et de la communauté internationale .
L'opération Turquoise accusée. Mais vingt ans après, Paul Kagamé dénonce le fait que " le seul reproche admissible (aux) yeux [de la France] est celui de ne pas en avoir fait assez pour sauver des vies pendant le génocide". "C'est un fait, mais cela masque l'essentiel : le rôle direct de la Belgique [l'ancienne puissance coloniale] et de la France dans la préparation politique du génocide et la participation de cette dernière à son exécution même", a-t-il précisé. Avant d'ajouter : "Interrogez les rescapés du massacre de Bisesero en juin 1994 et ils vous diront ce que les soldats français de l'opération Turquoise y ont fait". En 2008, la commission d'enquête avait déjà évoqué l'affaire du village de Bisesero, dans l'ouest du pays, où jusqu'à 50.000 Tutsis avaient trouvé refuge, accusant l'armée française "d'avoir retardé sciemment de trois jours le sauvetage de près de 2.000 survivants, afin de laisser le temps aux tueurs de les achever".
MÉDIA - Rwanda: après avoir divisé, la radio réconcilie
RWANDA - Lles "erreurs" de la France
REPORTAGE - Au Rwanda, le génocide divise les générations
JUSTICE - Rwanda : 25 ans de prison pour Pascal Simbikangwa