Un commando islamiste des shebab a débarqué jeudi matin à l'aube dans l'université de Garissa, dans l'est du Kenya. Au moins 147 personnes, essentiellement des étudiants, ont été tuées et quatre assaillants abattus par les forces de police kényanes, le plus lourd bilan depuis l'attaque de l'ambassade américaine à Nairobi en 1998. Dans la soirée, le ministère kényan de l'Intérieur a annoncé que le siège était terminé. Une source gouvernementale a déclaré vendredi que le bilan de l'attaque devrait encore s'alourdir tandis que la colère montait chez les habitants qui reprochent aux forces de sécurité de n'avoir pas pu éviter l'attaque.
Une attaque fulgurante. Les assaillants ont abattu deux gardes à l'entrée du campus vers 5h30 du matin. Ils ont ensuite ouvert le feu au hasard avant de pénétrer dans la résidence universitaire, où sont hébergés plusieurs centaines d'étudiants. La zone autour du campus, situé à environ un kilomètre du centre-ville, avait été totalement bouclée et les médias tenus à l'écart.
Un "poisson d'avril". "Nous dormions quand nous avons entendu une forte explosion suivie de tirs, tout le monde a commencé à fuir", a déclaré Japhet Mwala, un étudiant parvenu à quitter le campus, mais "certains n'ont pu quitter les bâtiments, vers lesquels les assaillants se dirigeaient en tirant. J'ai de la chance d'être en vie". Des rumeurs d'attaques contre l'université avaient circulé dans la semaine, selon des étudiants. "Personne n'a pris ça au sérieux car ce n'était pas la première fois", a expliqué l'un d'eux, Nicholas Mutuku, tandis que Katherine, étudiante, disait "avoir pensé à un poisson d'avril".
La France "est prête à coopérer" avec le Kenya "dans la lutte contre le terrorisme". "La France se tient aux côtés des autorités kényanes et est prête à coopérer avec elles dans la lutte contre le terrorisme", selon un communiqué de l'Elysée. "Le Président de la République exprime sa solidarité avec le peuple kényan, qui doit faire face au terrorisme le plus abject, celui qui s'attaque à la jeunesse, au savoir et à l'éducation".François Hollande "s'associe à la douleur des nombreuses victimes de l'attaque contre l'Université de Garissa (est du Kenya) et présente ses condoléances au Président du Kenya, Uhuru Kenyatta".
Des attaques récurrentes. Les shebab, initialement implantés en Somalie, ont multiplié les attentats au Kenya depuis 2011. Ils ont entre autres revendiqué le spectaculaire assaut en septembre 2013 contre le centre commercial Westgate de Nairobi, qui a fait 67 morts. A l'été 2014, ils avaient revendiqué une série de raids nocturnes sur des villages de la côte en juin-juillet 2014. Au moins 96 personnes avaient froidement exécutées.
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