Projet pharaonique. Manne pétrolière contre sauvegarde de l'environnement. Face à ce dilemme, Barack Obama a tranché. Mercredi, le président américain a opposé son veto à un texte voté par le Congrès autorisant la construction de Keystone XL, un projet d'oléoduc géant (1.900 kilomètres de long) reliant les gisements de pétrole tirés des sables bitumineux de l'Alberta (ouest du Canada) aux raffineries texanes du Golfe du Mexique. Un projet pharaonique, aux enjeux financiers tout aussi imposants, porté par le consortium TransCanada, l'un des géants de l'énergie outre-Atlantique. La compagnie est prête à investir 5.3 milliards de dollars (4.7 milliards d'euros) dans ce chantier destiné à raccourcir la voie d'approvisionnement vers les raffineries américaines, rapporte Gilles Paris, le correspondant du Monde à Washington .
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Troisième veto en huit ans. Ce n'est que la troisième fois depuis son arrivée à la Maison-Blanche que Barack Obama utilise son droit de veto. Il l'avait fait par deux fois en 2010, sur des questions fiscales et de saisies immobilières consécutives à la crise des subprimes qui avait durement touché les foyers américains endettés. Cette fois-ci, il justifie sa décision en arguant que le projet concerne deux Etats, les Etats-Unis et le Canada : par conséquent, c'est à lui de décider, et non au Congrès.
Risques environnementaux. Ce veto avait tout d'un choix cornélien pour le président démocrate, coincé de toutes parts. D'un côté, les pro-business, au premier rang desquels figure le gouvernement canadien, chantre de l'exploitation des sables bitumineux, et ce malgré la forte pollution qui s'en dégage, supporté par la majorité républicaine du Congrès, et même par quelques élus démocrates. De l'autre, des ONG, groupes d'intérêts, think-tanks et autres personnalités engagées dans la lutte environnementale comme Tom Steyer, qui ont érigé le projet Keystone XL en symbole. Selon un article du Monde, les opposants au projet craignent des fuites de pétrole, comme il en est survenu une douzaine sur le premier oléoduc Keystone, déjà en activité. L'une de ces fuites, de 80.000 litres tout de même, avait amené Barack Obama à rejeter la demande de permis en 2012.
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Un nouveau vote le 3 mars. Barack Obama a donc tenté de ménager les deux parties, en opposant un veto censé marquer sa désapprobation vis-à-vis d'un projet polluant, tout en sachant que le Congrès fera passer la loi quoiqu'il arrive. Une manœuvre dénoncée par le sénateur et ancien candidat à la Maison-Blanche John Mc Cain : "Le veto du président sur Keystone XL n'empêchera pas le Congrès d'avancer sur ce projet et de créer des emplois américains". En effet, le sénateur Mitch Mc Connell, chef de file des Républicains, a annoncé qu'il allait organiser un nouveau vote pour désavouer le veto présidentiel le 3 mars prochain, rapporte le média américain Politico (en anglais). Pour ce faire, il devra obtenir deux tiers des votes, et donc convaincre 20 démocrates à la chambre des représentants et 4 au Sénat de rejoindre son côté. Un moyen pour Obama, selon les médias américains, de ne pas se mettre à dos les défenseurs de l'environnement, tout en laissant se développer le projet.