Au sein du très hermétique régime de Pyongyang, les détails filtrent difficilement sur le déroulé exacte des funérailles. Une chose est sûre : elles seront grandioses. Près de douze jours après la mort de Kim Jong-Il, le régime nord-coréen prépare le pays à célébrer mercredi et jeudi le culte de son leader incontesté pendant 17 ans.
Ces funérailles seront, avant tout, une démonstration bien orchestrée de loyauté envers Kim Jong-Il et donc envers le pouvoir en place. Elles se calqueront sur le modèle des funérailles de 1994 pour le père défunt, Kim Il-Sung, le fondateur de la Corée communiste. La cérémonie va donc permettre de déterminer qui aura les faveurs de son successeur, son plus jeune fils, Kim Jong-Un, et qui sera écarté. La liste de 232 noms invités aux funérailles a été disséquée par les observateurs depuis sa publication la semaine dernière.
Cette cérémonie sera également celle de l'avènement du nouvel homme fort de la Corée du sud. D'abord désigné "grand successeur" et "grand camarade", Kim Jong-Un, qui n'a pas encore 30 ans et dénué d'expérience, a été appelé depuis "commandant suprême" de l'armée et chef du Parti des travailleurs, le parti unique du pays, dans la presse nord-coréenne. Le journal du parti, le Rodong Sinmun, a écrit le nom de Kim Jong-Un en caractère gras dans ses éditions de mardi, un privilège réservé jusqu'à présent à Kim Il-Sung et à Kim Jong-Il.
Trois minutes de silence
Les observateurs s'attendent à voir mercredi un immense cortège funèbre dans les rues de Pyongyang. Les bégonias rouges, adoptés comme fleur symbole par Kim Jong-Il, seront sans doute remplacés par les magnolias qui avaient accompagné le cercueil de Kim Il-Sung. Selon la presse officielle, les cérémonies d'adieu pour Kim Jong-Il devraient débuter jeudi à la mi-journée, avec des salves d'honneur, trois minutes de silence et les sonneries des navires et locomotives dans tout le pays.
Le régime n'a accepté la venue d'aucun représentant de l'étranger pour assister aux obsèques. Les deux délégations sud-coréennes, non gouvernementales, envoyées lundi pour présenter leurs hommages sont reparties mardi en Corée du Sud.
Du thé chaud pour les Nord-Coréens
Dès mardi, un premier hommage "de la nature" a été rendu à l'ancien leader coréen. Un oiseau blanc a dégagé la neige recouvrant la statue du dirigeant défunt. Radio Pyongyang a raconté que le comportement de cet oiseau avait "touché les cœurs de nombreuses personnes".
Des cérémonies d'adieu grandioses mais sans doute moins "clinquantes" que celle du père de Kim Jong-Il. L'idée est de ne surtout pas faire de l'ombre à celui qui reste le "président éternel" de Corée du Nord, selon la terminologie du régime, Kim Il-Sung. Dans l'organisation des funérailles, la seule innovation de Kim Jong-Un est d'avoir ordonné que les Nord-Coréens faisant la queue dans le froid glacial pour s'incliner sur la dépouille du dirigeant soient régulièrement approvisionnés en thé chaud.