Son état de santé relevait du secret d'Etat, tout comme sa biographie, qui s'inscrit dans la légende. Mais celui qui se faisait appeler le "Cher Leader" n’est plus. Le président de la Corée du Nord, Kim Jong-il est mort samedi, à 70 ans. A la tête du pays depuis 1994, le leader coréen laisse à son fils, successeur d'ores et déjà désigné, une économie moribonde dans un pays marqué par une famine meurtrière et de graves pénuries alimentaires à répétition.
Né dans la propagande
S’appuyant sur une armée docile et un culte exacerbé de la personnalité, l’ancien chef avait su, toutefois, maintenir son autorité comme l'avait fait son père avant lui. Un exercice du pouvoir marqué par la propagande, mise à profit dès sa naissance, le 16 février 1942.
Héritier élevé dans la nomenklatura communiste, une étoile et un double arc-en-ciel seraient apparus ce jour-là, alors que certains rapports le font naître en 1941. La montagne où il serait né, le Mont Paekdu, le plus haut sommet du pays est sacrée. C'est là, dit-on, qu'est née la Corée. En réalité, la plupart des historiens considèrent que Kim est né en Russie, dans un camp d'entraînement des partisans communistes d'où son père Kim Il-Sung a dirigé la guerre de résistance contre l'envahisseur japonais jusqu'en 1945.
Le jeune homme a, à partir de là, grimpé les échelons de la nomenklatura du Parti des Travailleurs de Corée au pouvoir, notamment chargé de la propagande. Accusé d'avoir organisé l'attentat qui avait tué 17 Coréens du Sud en Birmanie, en 1983, et la destruction en vol d'un avion de la Korean Airlines (KAL) en 1987, Kim Jong-il a pris officiellement les rênes du pouvoir, trois ans après la mort de son père en 1994.
La menace du nucléaire
Durant près de deux décennies, le "Cher Leader" s’est notamment illustré par sa capacité à faire monter les enchères dans les négociations internationales entamées en 2003 pour convaincre Pyongyang de renoncer à ses ambitions atomiques. Claquant régulièrement la porte des discussions, le dictateur avait préféré narguer la communauté internationale en procédant à son premier essai nucléaire le 9 octobre 2006. Dans cette partie de poker, Kim Jong-il avait compris que l'arme suprême était une inestimable monnaie d'échange.
Mais depuis quelques années, les décisions du leader coréen étaient apparues de plus en plus erratiques, comme celle de torpiller en mars 2010 une corvette sud-coréenne, causant la mort de 46 marins et entraînant une volée de sanctions. Malgré une enquête internationale, la Corée du Nord avait démenti toute responsabilité.
Certains analystes voyaient dans ces actes le fruit des effets secondaires de l'attaque cérébrale. D'autres évoquaient sa volonté d'asseoir à tout prix son plus jeune fils sur le trône du prétendant. Kim Jung-Un, âgé de 28 ans, peut désormais reprendre le flambeau.