"Je souhaite que Moussa Dadis Camara reste dans son lit au Maroc et non qu'il revienne [en Guinée], car il serait capable - rien que son retour - de déclencher une guerre civile et on n'en a pas besoin." Mardi, à l'Assemblée nationale, Bernard Kouchner a dit craindre le pire pour la Guinée, au cas où le président autoproclamé de ce pays d'Afrique de l'ouest, blessé par balles début décembre et soigné depuis au Maroc, décidait de rentrer à Conakry.
Revenant sur le rapport de l'ONU, publié lundi, sur le massacre survenu le 28 septembre dans la capitale guinéenne, le ministre des Affaires étrangères l'a jugé "effrayant, plus encore que ce qu'on croyait". Bernard Kouchner a affirmé qu'il n'était pas possible "de ne pas pleurer en le lisant", car "les détails du massacre dans le stade de Conakry sont très pénibles, même à lire. Ce raffinement de cruauté et de torture, en particulier sur les femmes, fait froid dans le dos".
Ce massacre, "par la garde présidentielle", selon Bernard Kouchner, s'est produit dans le plus grand stade de Conakry où s'étaient massés des sympathisants de l'opposition, réclamant que Dadis Camara ne se présente pas à la prochaine élection présidentielle.
Le document de l'ONU est accablantpour les plus hautes autorités guinéennes, accusées de crimes contre l'humanité. Le rapport fait état d'au moins "156 personnes tuées ou disparues", mentionne de nombreuses atrocités et met directement en cause le chef de la junte militaire, le capitaine Dadis Camara. Des faits qui justifient la saisine de la Cour pénale internationale (CPI).
"Nous devons maintenant attendre que le Conseil de sécurité soit saisi, peut-être mardi, et il y aura des sanctions", a prédit Bernard Kouchner. Le chef de la diplomatie française a relevé que le rapport de l'ONU évoque la possibilité d'une "force d'observation, pas une force d'interposition, qui conduirait après une période transitoire à des élections générales". C'est-à-dire "le schéma que nous avons tous souhaité voir adopter", selon Bernard Kouchner.
> L'ONU accuse les autorités guinéennes de "crimes contre l'humanité"