Pour la première fois depuis une semaine, jeudi matin à Kourou, en Guyane, le ciel est complètement dégagé, alors que le jour se lève. "C'est pour nous, c'est un signe", tente une des ingénieurs d'Astrium, qui a participé à la construction du satellite Gaia. Les écrans géants disposés autour du site d'observation Toucan diffusent les images, en direct, du centre de contrôle Jupiter. C'est dans cette salle qu'Aimée Cippe, directrice des opérations, s'apprête à donner le top départ.
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"Lancement moins d'une minute", lance-elle dans son micro. Sur le site Toucan, à seulement quelques kilomètres de la zone de lancement, le silence absolu se fait. La centaine de personnes venues observer le décollage de la fusée se dirige vers la balustrade de la terrasse qui fait face au pas de tir de la fusée Soyouz. Soudain, dans les enceintes, on entend Aimée Cippe entamer le décompte. "10, 9, 8….". Plus rien. Puis un grondement et halo orangé se dessine derrière les arbres. Le grondement grossit et des vibrations se font sentir.
Sous les yeux émerveillés et écarquillés du public, la fusée Soyouz s'élève soudain de la forêt équatoriale. Une boule de feu sur un ciel bleu immaculé. Silence sur la terrasse. Beaucoup, dans l'audience, ont les yeux humides. "On l'a fait !!! Whouou !!!". L'un des ingénieurs qui a construit Gaia ne peut plus contenir sa joie.
La fusée continue son ascension. Puis les quatre boosters se détachent. Une pluie de paillettes argentées semble alors retomber sur la forêt. La fusée poursuit sa route et s'élève toujours plus haut, jusqu'à devenir un petit point de lumière dans le ciel.
Sur la terrasse, les accolades et les poignées de mains viriles ne parviennent pas à assécher les larmes sur les joues de ceux qui ont conçu le satellite. "Et voilà, Gaia commence sa nouvelle vie. Ça fait des années qu'on prépare ce grand jour. c'est sublime", confie Rémi, extrêmement ému de voir "son" satellite quitter pour toujours la Terre.
Il faut maintenant attendre 41 minutes pour s'assurer que le télescope spatial est bien sorti de sa capsule, en route vers le point Lagrange 2, à un million et demi de kilomètres de la Terre. Les équipes se félicitent, plaisantent pour faire retomber la pression et l'émotion. certains se prennent en photos avec des chapeau x en forme de Gaia vissés sur la tête.Puis Aimée Cippe apparaît de nouveau sur les écrans, depuis le centre de contrôle Jupiter. La directrice des opérations annonce alors la séparation avec succès de Gaia et de sa capsule. Un tonnerre d'applaudissements couvre les paroles de la jeune femme. Ça y est, Gaia est parti vivre sa vie.
PAGE SPECIALE - Le Fabuleux voyage de Gaia
EN IMAGES - Gaia prêt à chasser les étoiles
INFOGRAPHIE - Gaia, de la Terre aux étoiles
KOUROU - Au coeur de la fusée Soyouz