Rien dans la préparation de la fusée Soyouz ou dans celle du satellite Gaia n'a été laissé au hasard. Chaque manipulation a été répétée. Chaque étape du lancement a été intégrée dans un protocole qui sera respecté à la seconde près. Pourtant, pour certains des ingénieurs qui participent au lancement de la fusée Soyouz jeudi, le succès de campagne de lancement - c'est-à-dire du décollage - tient aussi à une force invisible, à une part de chance.
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Pour Thierry Vallée, ancien directeur des opérations, aujourd'hui en charge de la sauvegarde - c'est-à-dire la cellule qui décide ou non détruire la fusée en cas de problème - il est impensable de participer au lancement de la fusée Soyouz, jeudi, sans avoir au poignet sa montre de la marque russe Sturmanskie au poignet. "A l'intérieur de cette montre, il y a le même mécanisme que dans celle que Ioury Gagarine portait lors de son vol dans l'espace en 1961", explique-t-il fièrement. "C'est mon sixième lancement de Soyouz, ici à Kourou, j'ai toujours eu cette montre au bras", ajoute-t-il, un peu gêné de dévoiler son petit secret.
Mais Thierry Vallée n'est pas le seul à avoir une sorte de grigri avec lui le jour du lancement de la fusée. Aimée Cippe, directrice des opérations, ne quitte jamais ses deux petites peluches de Némo et d'une tortue. Accrochées à son porte-clefs, les peluches sont toujours à portée de la main de la jeune femme qui dirigera, jeudi, pour la dernière fois les opérations de lancement d'une fusée à Kourou.
Jean-Claude Garreau, chef des opérations de lancement du Soyouz, lui ne se rase jamais la veille, ni le jour du lancement. "J'ai pris cette superstition aux Russes lorsque j'étais en poste sur la base de Baïkonour. Un jour de lancement je me suis rasé et je me suis fait engueuler par un de mes collègues", raconte-t-il en riant. "Mais les Russes sont plus superstitieux que nous. Par exemple, ils refusent de se serrer la main sur le pas d'une porte, et une fois le compte à rebours enclenché, ils s'interdisent de parler au futur. Seul le présent compte", ajoute-t-il.
Enfin, aucun des ingénieurs, techniciens ou scientifiques présents le jour du lancement ne pourra porter de vêtement rouge. C'est la règle ici au centre spatial guyanais. "Le rouge est la couleur des voyants qui signalent une anomalie", nous explique-t-on dans la salle de contrôle, avant de préciser que "nous, nous ne voulons que des voyants verts le jour du lancement !".
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KOUROU - Au coeur de la fusée Soyouz