L'INFO. Ils sont de retour dans la nature. L'Afghanistan a relâché jeudi 65 talibans présumés, détenus dans une prison au nord de Kaboul. La décision est peu au goût de Washington, à l'approche du retrait total des forces de l'Otan à la fin de l'année. L'ambassade américaine a regretté cette libération. "Le gouvernement afghan devra assumer les conséquences de cette décision (...). Nous l'exhortons à prendre toutes les mesures possibles pour s'assurer que les personnes libérées ne commettent pas de nouveaux actes de violence ou de terreur", a-t-elle annoncé.
Ils sont rentrés chez eux. Kaboul avait pourtant été mise en garde par Washington, qui jugeait "dangereux" les détenus de la prison controversée de Bagram. Mais les autorités afghanes ont passé outre les recommandations des militaires américains. "Les 65 prisonniers ont été libérés et ont quitté la prison de Bagram ce matin", a indiqué Abdul Shukor Dadras, un membre de la commission chargée d'évaluer les demandes de libérations des détenus.
Le général Ghulam Farouq, le chef de la police militaire de la prison, a tenu préciser: "Ils sont partis en voiture chez eux, mais nous n'avons pas organisé le transport pour eux." Voilà qui devrait apaiser les Etats-Unis.
Négocier avec les talibans. Selon plusieurs analystes, le pouvoir afghan tente d'apaiser les relations avec les talibans, au détriment des Américains. Ils espèrent convaincre les islamistes d'accepter des pourparlers de paix pour stabiliser le pays après le retrait de l'Otan. Officiellement, les talibans du mollah Omar ont jusqu'à présent toujours refusé de parlerdirectement avec le gouvernement du président. Ils considèrent Hamid Karzaï comme une "marionnette" des Etats-Unis.
Les Etats-Unis ont eu pendant longtemps le contrôle de la prison de Bagram, baptisée le "Guantanamo d'Orient". En mars 2013, ils ont transmis la majorité de son administration aux autorités afghanes. Les Etats-Unis y détiennent toutefois encore des combattants présumés non-afghans, principalement des Pakistanais.
Partir d'Afghanistan. Ce nouveau désaccord s'ajoute aux tensions déjà vives entre Washington et le président Karzaï. Les négociations sont tendues à propos de l'accord qui doit encadrer le maintien d'une force américaine en Afghanistan après 2014. Les Etats-Unis menacent Hamid Karzaï de retirer toutes leurs troupes du pays s'il ne signe pas rapidement ce texte, alors que ce dernier compte déléguer cette tâche à son successeur au terme de la présidentielle d'avril. Faute d'un tel accord, les Etats-Unis s'étaient retirés d'Irak fin 2011 sans y laisser de forces sur place afin d'appuyer les troupes irakiennes. Depuis, ce pays connaît une exacerbation des violences communautaires.