La confrontation. L'Europe peut se vanter de réussir à mélanger les cultures. Mais entre les Méditerranéens et les Anglo-saxons, la mayonnaise peine parfois à prendre. Dernière preuve en date, cette confrontation que se livrent en coulisse les Italiens et les Anglais. L'élément perturbateur : une proposition formulée en octobre par le gouvernement britannique. Ce dernier veut en effet transposer à toute l'Union européenne un système d'étiquetage en vigueur en Grande-Bretagne, classant les aliments en fonction de leur apport calorique. Ce qui ne passe pas du tout au pays de la mozzarella, des pizzas et de l'huile d'olive.
Quelle est la proposition britannique ? Le ministère britannique de la Santé a généralisé en juin dernier un système d'étiquetage coloré concernant tous les aliments vendus dans le commerce. Allant du vert au rouge en passant par l'orange, à l'image des feus tricolores, il permet de définir la quantité d'énergie et de graisse saturée ainsi que la teneur en sucre et en sel des aliments. En clair, si un aliment contient beaucoup de calories ou de sel, l'étiquette sera rouge. Et si c'est l'inverse, elle sera verte. Au nom de la lutte contre l'obésité, les britanniques veulent appliquer cette règle dans tout l'Europe. Ils en ont fait la proposition en octobre dernier au Conseil de l'Europe, comme le raconte jeudi le site Euractiv.
Pourquoi l'Italie s'insurge ? Lors d'une réunion le 16 décembre, le gouvernement italien a expliqué aux ministres européens de l'Agriculture que l'alimentation méditerranéenne était menacée. En clair, Rome craint que de très nombreux aliments produits en Italie soient rejetés par les consommateurs européens, si la mesure passe. Car l'huile d'olive, la mozzarella, le miel, la confiture ou encore la compote de fruits se verraient étiquetés en rouge. Les producteurs italiens pourraient ainsi perdre environ 200 millions d'euros de chiffre d'affaires avec un tel changement d'étiquettes. La valeur des exportations d'aliments italiens qui porteraient une étiquette rouge est même estimée à 632 millions d'euros par an, selon le site spécialisé.
Le régime italien, bon pour la santé ? Mais le principal argument du pays des Abruzzes, c'est que le régime méditerranéen est réputé bon pour la santé, réduisant notamment le risque d'accidents cérébraux. "Le système des étiquettes colorées est trompeur étant donné qu'il ne fournit pas suffisamment d'informations sur la qualité du produit : les informations sont trop limitées ", estime ainsi Paolo Di Croce, secrétaire général de Slow Food International, une organisation en faveur de la nourriture saine, contacté par EurActiv. Et de résumer ainsi : "les graisses, les sucres, les glucides peuvent être plus ou moins bénéfiques pour la santé en fonction des ingrédients de base et du processus de production".