Le verdict était très attendu. Sept scientifiques italiens ont finalement été condamnés lundi à six ans de prison pour "homicide par imprudence" dans le procès du séisme de L’Aquila. Il leur est reproché d’avoir sous-estimé les risques avant ce tremblement de terre survenu le 6 avril 2009, qui avait fait plus de 300 morts dans cette ville des Abruzzes.
Les juges se sont montrés plus sévères que le parquet, qui avait requis quatre ans de prison. Six des condamnés sont des membres de la Commission italienne "grands risques" et l’un d’eux, Enzo Boschi, figure parmi les grands noms de la science en Italie. Le septième est le sous-directeur de la Protection civile, Bernardo De Bernardinis.
"Aucun danger"
Six jours avant la catastrophe, la commission "grands risques" s’était réunie à L’Aquila. Aucune mesure particulière de précaution n’avait été prise à l’issue de cette réunion. Bernardo De Bernardinis avait même affirmé que la zone ne posait "aucun danger".
Moins d’une semaine plus tard, la ville était dévastée par ce tremblement de terre qui demeure un traumatisme en Italie. Pour le parquet, les experts ont donné des informations trop rassurantes à la population, qui aurait pu prendre des mesures pour se protéger.
Comparaison avec le 11 septembre 2001
Le procureur, Fabio Picuti, n’a pas hésité pendant l’audience à faire une comparaison avec l’évaluation des risques terroristes aux Etats-Unis, lors des attaques du 11 septembre 2001. " Après le 11 septembre, le rapport qui démontrait une analyse insuffisante des risques en rapport avec l’attentat a conduit à la démission du chef de la CIA et de son adjoint", a-t-il argué.
Du côté de la défense, qui réclamait l’acquittement, l’argument selon lequel aucun scientifique ne peut prévoir un tremblement de terre n’a pas convaincu. "Les faits, à savoir le tremblement de terre, ne sont de la faute de personne", a plaidé l’avocat Carlo Sica, qui représentait le gouvernement, et donc la Commission "grands risques".
Les victimes, elles ne se réjouissent pas d'un verdict qu'elles ne voient pas comme une "victoire". "C'est une tragédie, résume Aldo Scimia, dont la mère a été tuée dans le séisme, de toute façon, ça ne ramènera pas nos proches". Il affirme qu'il "continue d'appeler cela un massacre commis par l'Etat" et espère une seule chose : "que nos enfants auront des vies plus sûres".