La chaîne de télévision publique qui devait assurer la diffusion du concours de chansons a a annoncé mercredi que l'Arménie ne participerait finalement pas au concours, organisé en mai en Azerbaïdjan.
Dans un communiqué, elle explique sa décision : "Bien que les autorités azerbaïdjanaises aient donné des garanties de sécurité à tous les pays participants, il y a plusieurs jours le président d'Azerbaïdjan a fait une exception pour un de ces pays, en déclarant que l'ennemi numéro un pour l'Azerbaïdjan ce sont les Arméniens dans le monde entier". Et d’ajouter : "Il n'y a aucune logique à envoyer un participant dans un pays où il sera reçu comme un ennemi".
Une décision "malheureuse"
Ce concours annuel de chansons est retransmis par la télévision à travers toute l’Europe. L’Union européenne de radio-télévision (UER), qui organise l'événement, a fait part de sa déception concernant cette décision "malheureuse".
L’Azerbaïdjan a de son côté répliqué en déclarant que "le refus arménien de participer à un concours si respecté va encore plus altérer l'image, déjà entachée, de l'Arménie".
La blogosphère divisée
Sur Internet, la blogosphère arménienne a réagi diversement à cette décision des dirigeants de la télévision publique. Pour le blogueur Mika Artian, "ils auraient pu l'annoncer bien avant, avec dignité, de manière à ce que cela force le respect. A la place, ils ont eu recours à des jeux de propagande stupides et des mensonges catégoriques".
A l’inverse, le blogueur Narek Galstian salue cette annonce : "Au moins quelque chose de bien a été fait. On a fini avec ça". En février, un groupe de chanteurs arméniens avait déjà appelé au boycott du concours, parmi lesquels trois anciens participants à l'Eurovision.
Conflit autour d’une région stratégique
Cela fait plusieurs années que l’Azerbaïdhjan et l’Arménie sont en conflit autour du Nagorny-Karabakh, une région séparatiste azerbaïdjanaise peuplée majoritairement d'Arméniens.
Rattachée à l'Azerbaïdjan pendant la période soviétique, cette région a proclamé son indépendance, non reconnue par la communauté internationale, après une guerre qui a fait 30.000 morts et des centaines de milliers de réfugiés entre 1988 et 1994. Un cessez-le-feu a été signé en 1994, mais Bakou et Erevan n'arrivent pas à se mettre d'accord sur le statut de la région, qui reste une source de tension dans le Caucase du Sud, une zone stratégique située entre l'Iran, la Russie et la Turquie.
Depuis l'annonce en mai dernier de l'organisation du concours en Azerbaïdjan, des voix s'élèvent en Europe pour dénoncer la situation des droits de l'Homme dans ce pays.