Si chaque année, des dizaines de milliers de jeunes Français débarquent en Australie pour assouvir leur soif d'exotisme, pour les Irakiens, Afghans ou ressortissants de l'Asie du Sud-est, il est beaucoup plus compliqué de s'installer sur l'île-continent.
Depuis un an, le gouvernement libéral de Tony Abbot, le Premier ministre australien, a encore renforcé les politiques migratoires restrictives lancées par son prédécesseur travailliste Kevin Rudd à l'encontre des immigrés clandestins. De quoi indigner le député indépendant Andrew Wilkie, qui a saisi ce mercredi la Cour Pénale Internationale (CPI) en lui demandant d'ouvrir une enquête pour des "crimes contre l'humanité" perpétrés "par les membres du gouvernement australien contre les personnes qui arrivent dans ses eaux territoriales pour rechercher l'asile".
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Pourquoi attaque-t-il le gouvernement devant la CPI ? Aujourd'hui, les migrants qui arrivent sur les côtes australiennes n'ont aucune possibilité de s'installer dans le pays, et ce même si ils obtiennent le statut de réfugié. Ils restent donc à demeure dans les camps de rétention construits pour absorber le flux de migrants illégaux qui fleurissent en Papouasie-Nouvelle Guinée, mais aussi sur des îles du Pacifique comme Manus et Nauru, surnommée la "Lampedusa australienne."
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Andrew Wilkie souligne notamment que la politique de fermeture totale des frontières aux migrants illégaux du gouvernement viole les traités internationaux sur les droits des réfugiés. En effet, la convention internationale de 1951 qui fixe les droits des migrants interdit le refoulement des réfugiés et impose aux signataires d'offrir une procédure de demande d'asile "équitable". Le Haut Commissariat des Réfugiés aux Nations-Unies s'inquiète depuis plusieurs mois déjà de ce non-respect de la convention (en anglais).
Que lui répond le gouvernement ? Le ministre de l'Immigration Scott Morrison a rétorqué que l'Australie respectait le droit international et tient sa ligne : cette politique migratoire restrictive est selon lui la meilleure façon de décourager les migrants, de les empêcher de prendre la mer, et donc d'éviter les naufrages meurtriers. "Le gouvernement ne se laissera pas intimider par des personnes à la recherche d'attention qui demandent le retour à des politiques coûteuses à l'origine de tragédies et de chaos à nos frontières", a martelé Scott Morrison.
Un argument que critique le député frondeur Andrew Wilkie : "Les effets de cette politique sont que des hommes, des femmes et des enfants, sont déplacés par la force puis détenus arbitrairement parfois pour des périodes indéfinies", écrit le député. "Les conditions qu'ils subissent pendant leur détention sont la cause de grande souffrances ainsi que de graves blessures corporelles et mentales".
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La fermeté des autorités n'empêche pas les drames humains. La politique de rejet des migrants illégaux n'a pas fait baisser les flux en direction de l'Australie. Et n'a pas empêché de nouveaux drames de se produire. Le Point rappelle que treize mères ont par exemple tenté de se suicider dans le camp de réfugiés de l'île Christmas dans l'espoir qu'une fois orphelins, leurs enfants soient acceptés sur le sol australien. Ce à quoi le Premier ministre australien, Tony Abbot, a répondu qu'il ne céderait pas à un "chantage moral" et a précisé que "le gouvernement n'allait pas se laisser conduire sa politique par des gens qui arguent de la morale à mauvais escient".
Sous-traiter les migrants. Au-delà des discours, Canberra a également pris plusieurs initiatives controversées ces derniers mois contre l'immigration clandestine. Depuis le 26 septembre,l'Australie a par exemple passé un accord avec le Cambodge. Son but? Tout simplement sous-traiter l'accueil des immigrants clandestins à l'étranger. L'Etat australien verse 27 millions d'euros pour des projets de développement au Cambodge, et en échange, Phnom Penh accueille les migrants illégaux et désengorge les centres de rétention bondés des îles australiennes.
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Une "pub" anti-immigration. En parallèle, Rue 89 rapporte que le gouvernement a aussi lancé une campagne à 23 millions de dollars (16 millions d'euros) pour décourager toute tentative de voyage clandestin vers les côtes australiennes.
La pub qui fait honte à #Australie, parue dans les pays d'origine des migrants. Est-ce ainsi que les hommes vivent ? pic.twitter.com/VG72vHTjlw— jean-marie fardeau (@jmf60) 13 Octobre 2014
Des clips diffusés en Afghanistan, au Pakistan, en Iran, au Soudan et au Sri-Lanka par exemple. Qui n'empêchent pas les migrants de continuer à venir tenter leur chance.