Quinze jours après le deuxième tour de la première élection présidentielle libre du pays, l'Egypte attend toujours le nom du vainqueur. La Commission électorale doit annoncer les résultats dimanche après-midi, après l'examen de nombreux recours. Les deux candidats en lice, Mohamed Morsi, candidat des Frères musulmans, et Ahmed Chafiq, dernier Premier ministre du régime Moubarak, ont tous les deux déjà revendiqué leur victoire.
Les deux camps manifestent
Dimanche, des partisans des Frères musulmans se sont réunis place Tahrir au Caire, haut lieu de la révolution de l'année dernière qui avait mené à la chute du régime de Moubarak. Ils ont juré ne pas la quitter avant l'annonce de la victoire de Mohamed Morsi. "Morsi, Morsi, Dieu est le plus grand", scandaient-ils samedi en début de soirée.
Des milliers de partisans d'Ahmed Chafiq ont quant à eux manifesté à Madinat Nasr, un quartier du Caire, scandant "le peuple veut Ahmed Chafiq, président", ou "l'armée et le peuple main dans la main".
Un "front civil" à l'étude
Mohamed Morsi et Ahmed Chafik ont pourtant réuni à eux deux moins de la moitié des suffrages au premier tour de la présidentielle. De nombreux Egyptiens, notamment les jeunes révolutionnaires et les libéraux, rejettent donc aussi bien les islamistes que les héritiers de l'ancien régime.
Une victoire de Mohamed Morsi ravira les tenants d'un Etat islamiste mais d'autres, et notamment beaucoup de ceux qui ont manifesté sur la place Tahrir pour mettre fin à la dictature, s'inquiètent des répercussions de ce nouveau leadership islamiste sur les minorités, les femmes, les partisans de la laïcité, et sur les relations de l'Egypte avec l'Occident. Samedi, des libéraux et des groupes de gauche ont annoncé la formation d'un "front civil" qui regrouperait ceux qui ne veulent ni d'un président militaire, ni d'un Etat islamiste.
La presse partagée
Dans la presse, les pronostics vont bon train. "Morsi va être déclaré vainqueur aujourd'hui. Sauf si...", écrit ainsi en Une le quotidien indépendant Al-Shorouk. "Chafiq s'approche du palais présidentiel", titre de son côté le quotidien libéral al-Wafd.
Les résultats étaient attendus initialement le 21 juin, mais la commission avait demandé plus de temps pour examiner les multiples recours présentés par les deux camps. Pour prévenir tout débordement ou affrontement entre les deux camps rivaux après la proclamation des résultats, le ministère de l'Intérieur a annoncé un renforcement du dispositif de sécurité en coordination avec l'armée.