Une brouille archéologique et diplomatique. L’Egypte a annoncé mercredi sa décision de "cesser toute coopération" avec le Louvre. Le chef des antiquités égyptiennes Zahi Hawass exige le retour dans son pays de cinq fragments d'une stèle pharaonique provenant d'une tombe située dans la vallée des Rois, près du site de Louxor.
Pour les Egyptiens, le Louvre a acquis ces pièces de manière illégale. Or "acheter des stèles volées signifie que certains musées encouragent la destruction et le vol des antiquités égyptiennes", assure Zahi Hawass. Côté français, les services culturels expliquent que les fragments ont été acquis "en toute bonne foi" auprès d'une galerie puis lors d'une vente publique à Drouot.
Comment débloquer la situation ? Le musée du Louvre s'est dit "ouvert", mercredi, à la restitution des cinq fragments revendiqués par Le Caire "dans le respect des procédures" françaises. Le processus s'annonce long car il faut obtenir l'avis conforme de la Commission scientifique nationale des collections des musées de France puis un arrêté du ministère de la Culture.
Le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, a également fait part mercredi de son accord pour restituer les cinq fragments, s'il s'avère que les doutes sur la légalité de leur sortie d'Egypte sont fondés. Dans ce cas, le ministère serait "prêt à mettre en oeuvre les stipulations de la convention de l’UNESCO en restituant sans délais les fresques aux autorités égyptiennes".
En toile de fond de cette affaire, se trouve l’échec de la candidature du ministre de la Culture égyptien Farouk Hosni à la direction de l'Unesco. Officiellement, on assure que les deux dossiers ne sont pas liés. Mais, de source française, on reconnaît que la non-élection de Farouk Hosni n’a pas "arrangé les choses". La demande de restitution de ces pièces aurait cependant été faite il y a un an. L’Egypte assure de son côté avoir décidé de rompre ses relations avec le Louvre il y a deux mois.
En attendant que l'affaire soit réglée, deux conférences organisées avec le Louvre ont été annulées. Les travaux menés par les équipes du musée français sur le site archéologique de Saqqara pourraient aussi être affectés.