Le rythme espagnol vit-il ses derniers jours ? La sacro-sainte sieste espagnole est depuis quelques mois dans le collimateur de certains Espagnols. Même sort pour le déjeuner à 14 heures, le dîner à 22 heures et les tostadas de onze heures. Un rythme de vie accusé d’affaiblir la productivité du pays toujours secoué par une grave crise économique.
Une exception. A Madrid, la question est prise très au sérieux. Au point d’avoir fait l’objet d’un rapport parlementaire en septembre dernier de la part de l’association de rationalisation des horaires, rapporte Slate. Le document officiel fustige “une organisation quotidienne particulière, qui ne ressemble en rien à ce qui a cours dans le reste de l’Europe ou du monde occidental”.
Décalage horaire. Un rythme de vie particulier, qui donnerait aux Espagnols le sentiment de vivre un perpétuel “décalage horaire”, affirme le Washington Post. Car comme le souligne Le New York Times, entre minuit et une heure du matin, presque un quart de la population espagnole serait encore devant la télévision.
Productivité plus faible. Selon ce même rapport, qui milite pour l’introduction d’une journée de 8 heures aux pauses balisées, l’organisation actuelle aggrave la crise qui secoue le pays. “La journée, divisée par une longue pause déjeuner prolonge (...) les horaires que le salarié passe en dehors de son foyer et a pour conséquence une baisse de la productivité”, précise le document. Selon M. Buquera, président de l’association de rationalisation des horaires, si “les Espagnols travaillent plus longtemps que les Allemands, ils n’accomplissent que 59 % des tâches menées par ces derniers”.
Égalité entre les sexes. Une plus faible productivité, également attribuée à d’autres facteurs comme le retard technologique, souligne la sociologue María Ángeles Durán. Cette dernière milite également en faveur d’une rationalisation des horaires pour lutter contre un tout autre problème : celui de l’égalité entre les sexes. Etude à l’appui, la sociologue assure au New York Times que “les femmes ressentent une plus forte pression pour rentrer tôt et s’occuper du foyer”, alors que les hommes “programmeraient d’importantes réunions tard le soir”. “Les emplois du temps peuvent être utilisés comme une sorte d’arme”, explique María Ángeles Durán.