Le discours du dictateur libyen de mardi a visiblement fait mouche. Les Vingt-Sept se sont dits mercredi après-midi "prêts à prendre des mesures supplémentaires" à l'encontre du régime de Mouammar Kadhafi. Ce qui, en langage autorisé, signifie "des sanctions", précise un diplomate. Deux autres diplomates ont confirmé qu'un accord de principe avait été trouvé et que les Etats membres discuteraient de la nature de ces sanctions dans les heures qui suivent.
Un peu plus tôt, Nicolas Sarkozy avait souhaité des "sanctions concrètes" de l’Union Européenne à l’égard du colonel Kadhafi. Le chef de l'Etat français a durcit le ton à l’encontre de la Libye mercredi, en demandant à sa ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, de proposer aux partenaires européens d’agir afin "que tous ceux qui sont impliqués dans les violences en cours sachent qu'ils devront assumer les conséquences de leurs actes".
L’Europe mobilisée
Cette volonté de sanctionner le régime libyen est partagée par la Finlande, l’Allemagne, mais aussi le Luxembourg. Avec la France, ils sont montés au créneau mercredi pour demander qu'on sévisse à l'encontre du numéro un libyen et des auteurs de la sanglante répression dans le pays, qui a fait plusieurs centaines de morts.
Un changement d’attitude. Car la veille, plusieurs grands Etats européens hésitaient encore, estimant que la priorité était l'évacuation de leurs ressortissants plutôt que des sanctions. "Mais entre temps, Kadhafi a parlé et tout le monde partage la même analyse : ça tourne très mal sur place", a commenté un diplomate européen.
L'Espagne a été le premier pays de l'Union mercredi à estimer que le colonel Kadhafi, au pouvoir depuis près de 42 ans, n'était plus un interlocuteur légitime pour l'Europe. Nicolas Sarkozy a d’ailleurs dit souhaiter la suspension des relations économiques entre l'Europe et la Libye.
Des sanctions envisagées
En matière de sanctions, "plusieurs idées" seraient sur la table, a indiqué la porte-parole de la diplomate en chef européenne Catherine Ashton, Maja Kocijancik.
Sont envisagés : un gel d'avoirs libyens et des interdictions de visa à l'encontre du clan Kadhafi. Mais pas seulement. Car l'Europe dispose d'un levier potentiel autrement plus important : l'arrêt de ses importations d'hydrocarbures en provenance de Libye. Les livraison de gaz à l'UE représentent 55% du Produit intérieur brut libyen, alors qu'à l'inverse pour l'Europe elles ne représentent pas une part importante de ses importations, selon la Commission européenne.
L'Union Européenne a d'ores et déjà suspendu mardi ses négociations sur un tout premier accord de partenariat avec la Libye, entamées en 2008. Elle est aussi à l'initiative d'une session spéciale du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, qui aura lieu vendredi sur la situation en Libye.