L'info. "Mos maiorum". Derrière ce terme latin se cache une opération de grande envergure orchestrée par l’Italie, actuellement à la présidence de l’UE et étendue à tous les pays-membres de l’Espace Schengen. Elle a un but clair : "appréhender les migrants en situation illégale" pour les "identifier" et "affaiblir les organisations criminelles de passeurs". Manœuvre de lutte contre la criminalité pour l’Europe, traque et fichage à grande échelle des migrants clandestins pour les ONG, cette initiative fait débat. Elle sera étalée sur deux semaines, jusqu’au 26 octobre.
La Cimade dénonce un "double discours de l'UE". Les migrants en situation irrégulière seront renvoyés dans leur pays d'origine, si ce dernier à signé une convention de réadmission avec l'UE. Sinon, ils pourront être placés en rétention, pour des durées variables selon les pays, ou laissés en liberté avec avis d'expulsion. "Cette opération alimente le fantasme d'une invasion criminelle en Europe et utilise Frontex (l'agence chargée de la coordination de la sécurité des frontières extérieures de l'UE) pour mener une politique discriminatoire et violer les droits des migrants et des réfugiés", accuse Frontex Exit, une organisation de défense des migrants. "Au lendemain du triste anniversaire du naufrage de Lampedusa d'octobre 2013, le lancement de cette opération illustre le double discours de l'UE", a pour sa part déploré la Cimade.
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Les 22 Etats membres de Schengen et les quatre pays associés - Suisse, Norvège, Liechtenstein et Islande - ont été invités à participer sur une base volontaire à cette action, coordonnée par les services du ministère italien de l'Intérieur. Un pays, qui n'a pas été identifié, s'est abstenu. Ce type d'intervention est réalisé tous les six mois par le pays qui assure la présidence semestrielle des réunions ministérielles de l'UE. La Grèce l'avait nommée Aerodromos (aéroport), l'Italie a choisi de l'intituler Mos Maiorum, référence au concept romain de "moeurs des anciens" à défendre contre la décadence et la barbarie. Une référence qui a indigné certaines associations.
Une grande quantité d'informations collectée. Les Etats membres doivent préciser les détails de l'interception des sans papiers, date et lieu, fournir des indications sur le migrant - nationalité, sexe, âge, lieu d'entrée dans l'UE - et déterminer la route et les moyens empruntés, mais aussi les papiers, les réseaux, les montants payés pour le passage.
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Les contrôles seront réalisés aux frontières extérieures de l'UE, sur le mode aléatoire, et sur le territoire de l'espace Schengen, précise le document. Les formulaires fournis aux Etats participants pour transcrire les informations recueillies doivent être transmis quotidiennement aux autorités italiennes. Aucune indication n'a été fournie sur le coût de l'opération dont les conclusions seront présentées lors d'une réunion interne mi-décembre.