L’INFO. Au départ, la question n’était pas au programme des discussions. Mais les dirigeants européens réunis à partir de jeudi à Bruxelles pour un Conseil européen vont bien devoir discuter de l’espionnage intensif des États-Unis, après les révélations sur la possible surveillance du téléphone portable d’Angela Merkel. Et peut-être, pour la première fois, s’exprimer d’une seule voix sur cet épineux sujet.
Le portable de Merkel sur écoute ? Mercredi soir, c’est une annonce du gouvernement allemand qui a mis le feu aux poudres. Le téléphone portable de la chancelière Angela Merkel "pourrait" en effet "être surveillé par les services américains". Angela Merkel a demandé des explications à Barack Obama et assuré que si cet espionnage était confirmé, elle le jugerait "totalement inacceptable". Jeudi, en arrivant à Bruxelles, elle a déclaré que "l'espionnage entre amis, cela ne va pas". Du côté de la Maison-Blanche, on refuse de dire si les Etats-Unis ont espionné par le passé les communications de la chancelière. Ces nouveaux éléments ont de quoi embarrasser sérieusement Washington, au lendemain de révélations dans Le Monde sur la surveillance de la France par la NSA, l’agence nationale de sécurité américaine.
Une rencontre Hollande-Merkel. Avant l’ouverture du sommet, Angela Merkel et François Hollande se sont retrouvés pour en discuter, réaffirmant, "l'un comme l'autre le caractère inacceptable" des écoutes américaines et souhaitant que "l'on trouve les moyens d'en sortir". Ils sont également convenus de "concertations régulières" franco-allemandes sur le sujet, car ils s'estiment "en première ligne" sur le sujet. Les deux dirigeants ont ensuite fait leur entrée ensemble dans la salle de réunion du sommet.
Pas d’unité jusqu’ici. Malgré l’affaire Snowden et les révélations de l’ex-consultant américain sur les programmes de surveillance américains, Angela Merkel avait jusqu’à présent plutôt freiné les efforts européens pour se protéger de l’espionnage américain. En Allemagne, cette position a d'ailleurs valu à la chancelière d'être critiquée pour son manque de fermeté face à Barack Obama. En arrivant au sommet, Elio Di Rupo, le Premier ministre belge, a assuré qu'il fallait "prendre des mesures", tout en admettant ne pas attendre de décisions dans l'immédiat, plutôt une "méthodologie". Mais pour l'heure, au niveau européen, aucune unité n'a été affichée sur la question et il y a peu de chance pour qu’ils adoptent une déclaration commune ciblant la NSA et les États-Unis. L’espionnage est considéré comme une question de sécurité nationale et même la France préfère traiter directement avec Washington.
Un projet de loi sur la table. Les récentes révélations pourraient toutefois permettre d’effacer les divergences sur le projet de loi européen sur la protection des données, sur la table depuis déjà plusieurs mois. Le principe : Bruxelles voudrait que nos textos, nos e-mails et nos comportements sur Internet restent privés et que les grandes groupes du web obtiennent le consentement préalable des personnes pour utiliser leurs données personnelles. Jusqu’à mercredi, le texte était soutenu par les Français, mais pas par les Allemands, qui pourraient changer d’avis. Autre levier possible : la suspension par la Commission européenne d’un accord entre l’UE et les États-Unis sur le transfert de données bancaires. C’est en tout cas ce que réclame, via son compte Twitter, le chef du groupe socialiste au Parlement européen, Hannes Swoboda.
To call on US ambassador is not enough. Germany should support EU Parliament's request for suspending bank data exchange!— Hannes Swoboda (@Hannes_Swoboda) October 24, 2013
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