L’Irak, les Etats-Unis et la "boîte de Pandore"

Un combattant de l'EIIL à Mossoul, dans le Nord de l'Irak.
Un combattant de l'EIIL à Mossoul, dans le Nord de l'Irak. © REUTERS
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DANS LA PRESSE - Outre-Atlantique, certains éditorialistes blâment l’intervention américaine en Irak de 2003, qui aurait abouti à la crise actuelle.

Invité d’Europe 1 lundi matin, l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin s’est montré sévère. Selon lui, dans la crise qui secoue actuellement l’Irak, "nous payons le prix de multiples erreurs". A commencer par "l’intervention américaine, en 2003, et un retrait précipité en 2011". Ce point de vue, qui ne détonne pas dans la bouche de celui dont le discours à l’ONU contre la guerre en Irak est resté dans les annales, se retrouve aussi chez certains éditorialistes américains, mais pas tous. 

Une "faute initiale". C’est le cas de John Cassidy qui liste dans le New Yorker un certain nombre d’erreurs commises par les Américains et le gouvernement irakien, qui ont mené à la situation actuelle. L’analyste cite notamment le démantèlement de l’armée de Saddam Hussein, "la seule institution qui unifiait quelque peu le pays, l’Etat irakien serait plus fort". Mais pour lui, la plus grande erreur est la "faute initiale" : "en envahissant l’Irak, l’administration Bush a ouvert la boîte de Pandore". Non sans ironie, il note qu’il y a onze ans, "les Etats-Unis ont envahi un pays arabe où se trouvaient très peu, voire aucun djihadiste, pour renverser un dictateur laïque". Et voilà qu’aujourd’hui, les Etats-Unis font face à un pays "remplis de djihadistes", au nord et à l’ouest, et se demandent "comment les empêcher de submerger le reste du pays". 

Capture US World and News Report

© CAPTURE D'ECRAN

Il fallait "maintenir une présence".Le Washington Post, de son côté, se concentre plutôt sur le rôle de Barack Obama et sur la décision de retirer toutes les troupes américaines d’Irak après 2011. "Si Obama l’avait vraiment voulu, et s’il avait été prêt à proposer plus que quelque milliers de soldats [américains en Irak après le retrait], il aurait pu négocier", écrit Fred Hiatt, qui poursuit : "si les Etats-Unis avait maintenu une présence, cela aurait pu orienter la politique irakienne dans la bonne direction". Même son de cloche dans le magazine U.S. World and News Report, qui assure carrément que "l’Irak et le Moyen-Orient se dirigent vers un désastre à cause des décisions prises par Obama".

 

Des combattants de l'EIIL

© SIPA

"L’Irak n’est pas un accessoire politique".Dans les colonnes du New York Times, Nicholas Kristof estime quant à lui que la "débâcle" est principalement due à Nouri Al-Maliki, le Premier ministre irakien, et que les accusations contre l’administration Bush ou l’administration Obama ne sont que des arguments partisans, utilisés soit par les républicains, soit par les démocrates. "Rappelons-nous que l’Irak n’est pas un accessoire politique. C’est un pays de 33 millions d’habitants, au bord du précipice, […] déterminé avant tout par sa propre dynamique", écrit le journaliste. Et par un Premier ministre qui, en "marginalisant systématiquement les sunnites", s’est créé son propre "ennemi", tout en "ignorant les signaux de danger", un peu comme, en son temps, Saddam Hussein. 

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