Après la Tunisie et l'Egypte, l'Iran sera-t-il le prochain pays à être ébranlé par les manifestations ? Lundi, de nombreux partisans de l'opposition ont été arrêtés à Téhéran où les forces de sécurité ont été massivement déployées pour empêcher ces rassemblements, selon le site de l'opposition Kaleme.com du leader réformateur Mir Hossein Moussavi.
Les heurts ont déjà fait des victimes. Deux partisans du régime iranien ont été tués et plusieurs autres blessées, rapporte l'agence de presse Fars. "Le ministre nous a dit que deux membres des forces révolutionnaires et populaires sont tombés en martyrs et un nombre (indéterminé) ont été blessés par balles", a expliqué le député Kazem Jalali, membre de la commission de la sécurité et de la politique étrangère au Parlement.
Gaz lacrymogènes et billes de "paintball"
Les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes et de billes de "paintball" contre les milliers de manifestants anti-gouvernementaux qui tentaient d'atteindre la grande place Azadi, ou "Liberté" à Téhéran, malgré l'interdiction des autorités, rapportent le site Kaleme.com et plusieurs témoignages.
C'est sur cette place que les dirigeants de l'opposition Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karroubi avaient appelé leurs partisans à se regrouper. Eux-mêmes n'ont pu se joindre à la manifestation, leurs domiciles ayant été encerclés par les forces de sécurité.
Des rassemblements à Ispahan et Chiraz
A Ispahan, la troisième ville du pays, des incidents ont également éclaté entre les forces de sécurité et des centaines d'opposants au régime qui défiaient eux aussi l'interdiction des autorités. Des dizaines de personnes ont également été arrêtées, selon un témoin. Selon Kaleme.com, qui fait état de "centaines de milliers de manifestants" dans tout l'Iran, des rassemblements similaires ont eu lieu à Chiraz, dans le sud, et à Machhad, au nord-est du pays.
Cette première journée de mobilisation constitue un test pour l'opposition réformiste iranienne, qui n'était plus descendue dans les rues depuis un rassemblement marqué par la mort de huit personnes en décembre 2009. D'ores et déjà, les Etat-Unis ont apporté leur soutien aux sympathisants de l'opposition. "Les événements auxquels nous assistons aujourd'hui en Iran témoignent du courage du peuple iranien", a déclaré la secrétaire d'Etat Hillary Clinton.
L'Europe et la France appellent à la modération
L'Union européenne a accru la pression mardi sur les autorités iraniennes pour qu'elles respectent le droit de manifester et lèvent les restrictions à l'opposition, son Parlement faisant même un parallèle avec les toutes récentes révolutions en Egypte et Tunisie. La chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, "appelle les autorités iraniennes à respecter pleinement et à protéger les droits de leurs citoyens, y compris la liberté d'expression et le droit de se rassembler pacifiquement", invitant par ailleurs "les autorités iraniennes à s'abstenir de l'usage de la force contre des manifestants pacifiques".
La France "condamne avec fermeté les violences commises à l'égard des manifestants" et "demande la libération des personnes arrêtées", a ajouté mardi le ministère des Affaires étrangères. Le pote-parole du ministère, Bernard Valero, a par ailleurs indiqué que la France "réitère son attachement à la liberté d'expression".