Elle était la seule femme au gouvernement. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a limogé jeudi sa ministre de la Santé, Marzieh Vahid Dastjerdi, qui avait adressé des reproches à ses collègues. Nommée en 2009, cette gynécologue était la toute première femme à devenir ministre depuis l’avènement de la République islamique, en 1979.
Classée dans le camp conservateur, elle avait tout de même défendu un plus grand rôle des femmes dans la société iranienne. Ce n’est toutefois pas en raison de cet épineux sujet qu’elle a été limogée, mais à cause d’une polémique sur les médicaments.
Importation de voitures de luxe
L’Iran s’inquiète en effet en ce moment de pénuries de médicaments contre des maladies graves, comme le cancer, la sclérose en plaques ou des maladies cardiaques. Le mois dernier, Marzieh Vahid Dastjerdi avait déploré qu’un quart seulement des 2,4 milliards de dollars prévus dans le budget pour l’achat de médicaments importés ait été débloqué, et noté une pénurie des devises étrangères.
Alors que Mahmoud Ahmadinejad est accusé par ses rivaux de mauvaise gestion et de népotisme, elle avait lancé une accusation critique à la télévision nationale, raconte The Guardian. "J’ai entendu dire que des voitures de luxe avaient été importées avec des dollars subventionnés mais je ne sais pas ce qui est arrivé aux dollars qui étaient censés être alloués aux importations de médicaments", a-t-elle lancé, ajoutant : "la médecine est plus essentielle que le pain".
Ce limogeage a été très critiqué au Parlement. Hosseinali Shahriari, président de la commission de la santé, a ainsi estimé que Mahmoud Ahmadinejad n’avait pas fait preuve d’une "logique acceptable". Quant au président iranien, il a déjà choisi son ministre d’intérim pour remplacer Marzieh Vahid Dastjerdi : ce sera un homme.