L'INFO. Les Vingt-Huit se sont mis d'accord sur les sanctions contre l'Ukraine. Le consensus a été rapide lors du Conseil des ministres des Affaires étrangères à Bruxelles. Les chefs européens de la diplomatie vont priver de visas et geler les avoirs de "ceux qui ont du sang sur les mains" en Ukraine, a annoncé jeudi l'Italienne, Emma Bonino. Leurs homologues français, allemand et polonais sont toujours à Kiev pour négocier avec le président Viktor Ianoukovitch. Le but de ces discussions est de trouver une issue positive à la crise en Ukraine après cette journée sanglante. Soixante personnes au moins ont trouvé la mort dans la répression du mouvement d'opposition à Kiev, mardi. Mais l'annonce de ces sanctions pourrait bien braquer le président ukrainien.
EXCEPTIONNEL. Après un tel déchaînement de violences, la réaction des diplomates est ferme mais nuancée. "La responsabilité de la violence incombe au régime (ukrainien, ndlr.) mais nous ne pouvons ignorer qu'il y a des groupes extrémistes et des infiltrés. Nous visons tous ceux qui (dont les mains, ndlr.) sont tâchées de sang", a insisté Emma Bonino. Si l'Ukraine l'autorise, l'Union européenne est prête à fournir une assistance médicale et humanitaire, pour venir en soutien des hôpitaux de fortune qui se sont installés au centre de la capitale.
"Nous avons pris la décision, en étroite coordination avec les trois ministres qui négocient à Kiev, de procéder très rapidement, dans les prochaines heures", pour mettre en place ces sanctions, a déclaré la ministre italienne à l'issue d'une réunion de crise à Bruxelles. Une unanimité aussi rapide est exceptionnelle. Les processus de sanctions contre des dirigeants internationaux prennent généralement beaucoup de temps au sein de l'Union européenne.
MOSCOU ET BRUXELLES, MAIN DANS LA MAIN ? Déjà utilisé contre des responsables biélorusses, le gel des avoirs de dirigeants était la solution privilégiée pour sanctionner le régime ukrainien. Pour l'instant, aucune liste de noms n'a été établie, a-t-on appris de source diplomatique. Les Européens sont également tombés d'accord pour assouplir le régime des visas pour "les personnes blessées et les dissidents". Depuis 2013, les Ukrainiens détenteurs d'un passeport biométrique peuvent voyager librement en Union européenne, mais pendant une durée limitée à trois mois.
En parallèle de la visite de Laurent Fabius, Franck-Walter Steinmeier et Radoslaw Sikorsko, un représentant russe a été dépêché à Kiev pour participer à une médiation avec l'opposition. Les Vingt-Huit seraient prêts à engager un "dialogue critique" avec la Russie, soutien traditionnel de Viktor Ianoukovitch. Moscou et Bruxelles ont engagé depuis longtemps un bras de fer d'influence sur l'Ukraine, à l'origine des manifestations qui ont aujourd'hui dégénérées.
MINUTE PAR MINUTE - Au moins 60 morts à Kiev
GEOGRAPHIE - Maidan, place rouge de sang
PHOTOS - Scènes de guerre à Kiev