L'affaire du bébé disparu avait passionné l'Australie

32 ans après les faits, la justice australienne a reconnu que la petite Azaria Chamberlain, 9 mois, avait été enlevée par un dingo. © REUTERS
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avec agences , modifié à

La justice a reconnu qu'un bébé disparu en 1980 avait été enlevé par un chien sauvage.

L'Australie tourne la page après 32 ans de feuilleton judiciaire. La justice vient en effet de mettre un point final à l'affaire Azaria Chamberlain, qui a inspiré le film Un cri dans la nuit, en concluant que ce bébé, disparu dans le désert en 1980, avait été emporté par un dingo et non tué par sa mère. Outre le film de Fred Schepisi, ce fait divers qui a passionné l'Australie a inspiré un feuilleton télévisé, de nombreux livres, des chansons et même un opéra.

La bande-annonce du film Un cri dans la nuit :

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Le 17 août 1980, Azaria Chamberlain, un bébé de neuf semaines, avait été laissée dans la tente de ses parents près de Uluru, le célèbre monolithe rouge situé au centre de l'Australie, site sacré pour les aborigènes, également appelé Ayers Rock. Alertée par un cri de l'enfant, sa mère, Lindy Chamberlain, incarnée à l'écran par Meryl Streep, était revenue vers la tente, à proximité de laquelle se trouvait un dingo, un chien sauvage. Le corps de la petite fille n'a jamais été retrouvé.

La mère condamnée, puis innocentée

Une première enquête avait conclu que le bébé avait été enlevé par un dingo, mais les autorités avaient ensuite fait machine arrière et Lindy Chamberlain avait été condamnée pour infanticide et incarcérée. Le père, lui, a été condamné à une peine de prison avec sursis pour complicité. 

L'affaire, devenu le sujet de conversation numéro un dans le pays, avait connu un nouveau rebondissement en 1986, avec la découverte, par hasard, de lambeaux des vêtements d'Azaria près de terriers de dingos. La condamnation de la jeune mère avait été annulée et Lindy Chamberlain avait été libérée. Une troisième enquête, ouverte en 1995, n'avait, elle, pas permis d'aboutir à une décision.

Attaques de dingos

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C'est en raison de nouvelles informations sur les attaques de dingos que l'affaire a été rouverte par la justice, pour finalement donner raison à Lindy Chamberlain. Ces dernières années, les dingos ont en effet tué deux enfants, en 2001 et 2005. "Il existe des preuves montrant qu'un dingo est capable d'attaquer, de s'emparer et de causer la mort de très jeunes enfants", a admis mardi le médecin légiste, Elizabeth Morris.

D'une voix tremblante, elle a ensuite demandé à la mère d'accepter sa "très sincère compassion pour la mort de [sa] petite fille tant aimée, Azaria". Plus de trente ans après, les autorités ont donc remis aux parents du bébé disparu un certificat de décès amendé.

"Soulagée et heureuse"

Lindy Chamberlain, qui s'est depuis séparée de son mari, s'est dit "soulagée et heureuse que cette saga touche à sa fin". "Nous vivons dans un pays beau, mais dangereux", a-t-elle ajouté, avant de souligner : "plus personne en Australie ne pourra dire que les dingos ne sont pas dangereux et qu'ils n'attaquent que s'ils sont provoqués".