Il n'aura pas eu le temps de mener sa mission à terme. Chargé par le gouvernement de négocier la paix avec les talibans, l'ancien président afghan Burhanuddin Rabbani a été tué mardi dans un attentat suicide dans le centre de Kaboul, qui a également fait des blessés.
Tué par un faux émissaire taliban
L'attentat a eu lieu dans la rue où résidait Burhanuddin Rabbani, située dans un quartier cossu qui abrite de nombreuses ambassades et où des kamikazes talibans avaient mené une série d'attaques meurtrières mercredi dernier. Burhanuddin Rabbani a été piégé par un faux émissaire taliban, un kamikaze qui avait dissimulé une bombe dans son turban, a indiqué mardi la police afghane.
Figure de la résistance anti-soviétique
Leader historique de la résistance à l'invasion soviétique dans les années 1980, Burhanuddin Rabbani avait été élu à la tête du pays en 1992, trois ans après le retrait de l'Armée rouge en Afghanistan. Mais il avait été écarté du pouvoir par les talibans quatre ans plus tard. Burhanuddin Rabbani n'avait en réalité jamais vraiment détenu de pouvoir. Son appartenance à l'ethnie tadjike, dans un pays dominé par les Pachtounes, en était l'une des raisons.
Le 22 décembre 2001, après le bombardement puis l'invasion de l'Afghanistan par une force militaire emmenée par les Etats-Unis après les attentats du 11-Septembre, il avait été contraint d'abandonner la présidence et de remettre le pouvoir au chef de l'Etat désigné par la coalition internationale, le Pachtoune Hamid Karzaï, toujours en place dix ans après. Depuis, membre du Parlement afghan, Burhanuddin Rabbani demeurait à Kaboul où son clan prospérait dans les affaires.
Il était revenu sur le devant de la scène il y a un an, en prenant la tête du Haut conseil pour la paix (HCP), créé en octobre 2010 par Hamid Karzaï pour établir des contacts avec les insurgés en vue de mettre fin à la guerre. Burhanuddin Rabbani était été le dernier chef de l'Etat reconnu par les Nations Unies avant la prise de pouvoir des talibans à Kaboul en 1996.
Signe de la gravité de la situation, Hamid Karzaï a décidé d'écourter son séjour aux Etats-Unis. Mais un responsable du gouvernement a assuré, sous couvert de l'anonymat, qu'il devait toujours rencontrer comme prévu le président Barack Obama avant de quitter le sol américain.