Après plusieurs semaines de recul militaire, l’insurrection libyenne connaît une certaine éclaircie. Les forces rebelles ont pris jeudi le contrôle d’un poste-frontière avec la Tunisie. Cette avancée symbolique est intervenue sur un front reculé où la résistance combat l’armée gouvernementale.
Cette information de l’agence tunisienne Tap relaie les témoignages d’habitants de la ville frontalière de Dhiba à 250 km au sud-ouest de Tripoli. Selon ces sources, plusieurs dizaines de soldats gouvernementaux libyens se sont rendus à l'armée tunisienne, car ils ne voulaient pas être faits prisonniers par les insurgés. Les autorités tunisiennes n'ont fait aucune déclaration à ce sujet.
Ainsi, plusieurs milliers de réfugiés s’étaient rapatriés vers Dhiba alors que de violents affrontements se déroulaient. L'agence de presse tunisienne Tap, rapporte que treize officiers et soldats libyens, dont un général, se sont rendus à l'armée tunisienne à la suite d'affrontements avec des insurgés libyens.
Un enracinement ?
Dans cette région dite des Montagnes de l’Ouest, les combats ont été peu couverts par les médias. En marge de cette percée, la ville rebelle de Nalout a été visée par les obus et roquettes de l’armée loyaliste. Des réfugiés arrivés la semaine dernière en Tunisie des Montagnes de l'Ouest disent que les forces gouvernementales ont bombardé des habitations, empoisonné des puits et menacé de violer des femmes. Malgré le démenti de Tripoli, des obus de mortier ont atterri mardi du côté tunisien de la frontière, selon le ministère tunisien de la Défense.
L’évolution de la cartographie militaire en Libye inquiète les experts internationaux. Plusieurs responsables américains et européens estiment jeudi que Mouammar Kadhafi n’a désormais plus à craindre une défaite face aux rebelles. Ils insistent sur la mainmise renforcée de Tripoli sur le centre et l’ouest du pays. "Les proches de Kadhafi sont plutôt confiants. Une partition de facto (de la Libye), pour une longue période," est l'issue la plus probable du conflit, résume une source au sein des services de sécurité en Europe. Depuis le début de l’intervention aérienne, les responsables alliés ont souvent mis en doute la capacité de l’insurrection à renverser le guide libyen.
Evacuation à Misrata
Cité symbole de la rébellion, Misrata a été marquée mercredi par la mort de deux photoreporters américains. Tim Hetherington, coauteur d’un documentaire nominé aux Oscars l’an dernier, et Chris Hondros, de l’agence Getty, ont été touchés par des tirs de mortier. Cette attaque est survenue sur Tripoli Street, la plus grande artère de la ville assiégée.
Le site Parismatch.com a publié une vidéo tournée par l’envoyé spécial en Libye, Alfred de Montesquiou :
L’organisation internationale pour les migrations (OIM) s’apprête à assurer une opération d’évacuation de migrants bloqués dans "l’étau" de Misrata. Depuis Benghazi, ce navire doit permettre d’exfiltrer près de 1000 travailleurs étrangers.