Angela Merkel ne'aura pas ménagé pas ses efforts en vue du vote jeudi par les députés allemands du deuxième plan de sauvetage de la Grèce et du renforcement des pouvoirs du Fonds européen de stabilité financière. La chancelière allemande a bousculé ses habitudes pour tenter de convaincre le plus d’Allemands possibles de l’utilité de la loi présentée devant le Bundestag.
Dimanche soir, elle a ainsi dérogé à l’une de ses règles les plus strictes en acceptant de participer à une émission de télévision. D’ordinaire, Angela Merkel ne répond pas aux sollicitations du petit écran hors période électorale. Mais là, 76% des Allemands sont opposés à ce deuxième plan de sauvetage. La chancelière s’est donc livrée à un exercice de pédagogie pour renverser l’opinion.
Le spectre d'un camouflet politique
Si elle conserve son style placide, Angela Merkel s'est donc engagée comme rarement dans la défense de la monnaie unique, en danger en raison de la situation de la Grèce. Pourtant, le résultat du vote de jeudi ne fait guère de doutes. Les députés de l’opposition, les sociaux-démocrates et les Verts, ont annoncé leur intention de voter pour le texte. Mais si Angela Merkel s’est autant impliqué, c’est pour convaincre les élus de son propre camp.
Mardi encore, elle s’est adressée personnellement au groupe parlementaire du CDU, le parti conservateur dont elle est issue, pour tenter de convaincre les nombreux indécis, et ainsi éviter le camouflet politique en s’appuyant sur l’opposition. Car à deux ans des élections législatives, chaque député de son camp qui lui tournera le dos donnera un coup de canif dans la légitimité de la chancelière. La situation politique pourrait alors devenir intenable, et déboucher sur des élections anticipées.