L’INFO. Après l’avoir vu à l’œuvre, une journaliste sud-africaine a tweeté : "c’est comme de voir un bébé phoque se faire frapper à coup de matraque". Barry Roux, ténor du barreau de Johannesburg, est chargé de défendre Oscar Pistorius, accusé d’avoir tué sa petite amie le soir de la Saint-Valentin 2013. En première ligne dans ce procès ultra-médiatisé, l'avocat, passé maître dans l’art du contre-interrogatoire, n’hésite pas à mettre la pression sur les témoins.
Un enquêteur ridiculisé. Barry Roux avait marqué des points lors de l’audience pour la libération sous caution du champion sud-africain, en février 2013. Il avait alors réussi à déstabiliser l’enquêteur principal de l’affaire, Hilton Botha, démontant ses arguments et assurant que la police avait bâclé son travail et "pollué" la scène de crime. Et à obtenir la libération sous caution de son client. Depuis, l’enquêteur, discrédité et ridiculisé, a quitté la police, mettant fin à une carrière de plus de 20 ans.
Roux is destroying Botha. This is like watching a baby seal getting clubbed. #OscarPistorius@eNCAnews— Karyn Maughan (@karynmaughan) 20 Février 2013
"Roux est en train de détruire Botha. C'est comme de voir un bébé phoque se faire frapper à coup de matraque".
"Pas motivé par l’altruisme". L’épisode résume la méthode Barry Roux, décrit par certains comme une "gâchette légale qui n’est pas motivé par l’altruisme", selon The Guardian. Inscrit au barreau de Johannesburg depuis 1982, l’avocat a notamment défendu dans les années 1990 un chef de la police de l’époque de l’apartheid, Lothar Neethling, dans son procès contre les journaux qui l’accusaient d’avoir empoisonné des militants anti-apartheid. Il a aussi représenté Roger Kebble, magnat du secteur minier, accusé de fraude fiscale, ainsi qu’un dentiste, Casper Greef, condamné pour le meurtre de sa femme. L’homme d’affaires d’origine écossaise Dave King a aussi fait partie de ses clients. Poursuivi pour avoir omis de payer ses impôts, il a échappé à la prison et n’a dû régler qu’une petite partie de ce qu’il devait au fisc sud-africain.
4.200 euros par jour. L’affaire Pistorius est son dossier le plus médiatique à ce jour. L’avocat serait payé plus de 4.200 euros par jour par Oscar Pistorius pour plaider la thèse de la méprise tragique. Le 14 février 2013, l’athlète paralympique aurait cru à l’intrusion d’un cambrioleur par la fenêtre et aurait tiré quatre balles dans la porte des toilettes, sans savoir sur qui il faisait feu.
Des témoins sous pression. Sous les feux de la rampe, Barry Roux ne change rien à sa stratégie et conserve toute son agressivité. Il l’a encore montré mercredi, quand il a tout fait pour discréditer un témoin-clé, lui lançant d’un ton hautain : "vous avez reconstruit l’histoire pour charger l’accusé !". Charl Johnson et sa femme, voisins de l’athlète, ont assuré avoir entendu la petite amie d’Oscar Pistorius appeler à l’aide avant d’être abattue. Barry Roux a aussi tenté de lui faire dire que les sons entendus en pleine nuit, à près de 180 mètres de distance, n’étaient pas des coups de feu. En vain : le témoin a tenu bon. Et s’est plaint d’avoir reçu des appels téléphoniques malveillants. Il faut dire que la veille, Barry Roux avait carrément donné à voix haute son numéro de téléphone lors du contre-interrogatoire de son épouse, alors que le procès est retransmis en direct par la télévision. Cette attitude a valu à l’avocat de se faire remonter les bretelles par le représentant du parquet, Gerrie Nel : "ça ne s’appelle pas poser une question, mais créer une ambiance".
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