L'INFO. L'état de santé du président algérien Abdelaziz Bouteflika, hospitalisé depuis plus de trois semaines, suscite des rumeurs alarmistes. En l'absence de bulletins de santé du président de 76 ans, transporté le 27 avril à l'hôpital militaire parisien du Val de Grâce à la suite d'un petit AVC, la presse algérienne s'interroge chaque jour sur ce sujet tabou. Selon les informations d'Europe 1, Abdelaziz Bouteflika est toujours en France. Il n'est pas rentré au pays comme le dit la rumeur à Alger.
Deux journaux saisis. Le quotidien Mon Journal et de son pendant arabophone Djaridati, deux quotidiens ont annoncé qu'Abdelaziz Bouteflika était rentré en milieu de semaine dernière dans un "état comateux". Des informations démenties par le pouvoir. Dimanche, ces deux journaux ont été saisis, une première depuis dix ans, ce qui démontre une fébrilité au sommet de l'Etat. Une information également démentie par le pouvoir.
Mais, lundi, la presse algérienne dans son ensemble a dénoncé "le silence" imposé par les autorités sur ce sujet tabou. "Le pouvoir veut imposer le silence" sur la santé du chef de l'Etat, titre le quotidien francophone El-Watanpour expliquer l'interdiction de parution dimanche de Mon Journal et de son pendant arabophone.
Comment va-t-il ? Depuis le 27 avril, Paris est totalement silencieux, laissant Alger communiquer sur l'état de santé du président âgé de 76 ans. Or le pouvoir algérien cherche surtout à rassurer depuis l'hospitalisation d'Abdelaziz Bouteflika, annoncée le jour même de son transfert à Paris. Dernier responsable en date à s'être exprimé en ce sens, le ministre de l'Aménagement du territoire, Amara Benyounès a déclaré vendredi que le président allait "bien". Le chef du gouvernement Abdelmalek Sellal a même affirmé le 11 mai que le président suivait "quotidiennement les dossiers et questions d'intérêt national".
Dimanche, le quotidien francophone Le Soir d'Algérie titrait "Confusion totale" et prévenait : "plus son séjour parisien s'allonge, plus la version officielle (...) perd de sa crédibilité auprès d'une opinion publique suspicieuse de nature". Ces derniers mois, le président était apparu à la télévision à l'occasion de visites d'hôtes étrangers, sans faire la moindre déclaration. Son dernier visiteur, le 15 avril, a été le président sud-africain Jacob Zuma qui devait venir deux jours et n'est resté que quelques heures. Et sa dernière apparition à la télévision remonte au 17 avril, à l'occasion de l'enterrement de l'ancien chef d'Etat algérien, Ali Kafi.
"Son pronostic vital jamais engagé". Face à cette incertitude, le Premier ministre Abelmalek Sellal a tenu à s'xprimer lundi, assurant que le pronostic vital d'Abdelaziz Bouteflika n'a "jamais" été engagé et que sa santé "s'améliore de jour en jour". "Après avoir subi des examens médicaux à l'hôpital du Val de Grâce à Paris, le président de la République, dont le pronostic vital n'a jamais été engagé et qui voit son état de santé s'améliorer de jour en jour, est tenu, sur recommandation de ses médecins, d'observer un strict repos en vue d'un total rétablissement", a-t-il souligné.
Une procédure d'empêchement ? A moins d'un an de la présidentielle, nombre de partisans d'Abdelaziz Bouteflika appelaient encore récemment à un 4e mandat. Après 14 ans d'exercice, il est déjà le président algérien resté le plus longtemps au pouvoir, son mentor Houari Boumediene étant resté environ 13 ans. Mais des voix s'élèvent déjà, dont celle d'Abderrezak Mokri, nouveau chef du Mouvement de la société pour la Paix (MSP, islamiste tendance Frères musulmans), pour réclamer une procédure d'empêchement.
La Constitution prévoit en effet qu'en cas de "maladie grave et durable" du président qui "se trouve dans l'impossibilité totale d'exercer ses fonctions", le Conseil Constitutionnel propose à l'unanimité "au Parlement de déclarer l'état d'empêchement". Mais cela nécessite une majorité des deux-tiers. Le président du Conseil de la Nation (Sénat) est alors chargé de l'intérim durant 45 jours. Puis on procède à une déclaration de vacance par démission de plein droit" du chef de l'Etat et une nouvelle élection doit se tenir dans les 60 jours.