Les six Libyens condamnés par contumace pour leur implication dans l'attentat d'un DC-10 de la compagnie française UTA en 1989 pourraient enfin être arrêtés alors que le régime de Mouammar Kadhafi est menacé, a estimé l'ex-juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière, samedi matin sur Europe 1.
Interrogé sur la possibilité d'une arrestation de ces hommes, alors que le pouvoir libyen est confronté à une contestation populaire sans précédent, l'ancien juge, qui était chargé de cette enquête, a répondu: "Je pense que oui, parce qu'aujourd'hui il n'y a plus de protection".
"Qu'est-ce qui les protégeait? C'était Kadhafi, la tribu, et probablement un certain nombre de pays autour qui estimaient qu'il n'était pas politiquement opportun d'exécuter ces mandats d'arrêt. Mais aujourd'hui le système Kadhafi est au ban des nations" et "Kadhafi risque d'être poursuivi pour crimes contre l'humanité par une instance judiciaire internationale", a-t-il souligné.
Un attentat qui a fait 170 victimes
Le 19 septembre 1989, un DC-10 de la compagnie française UTA, effectuant la liaison Brazzaville-Paris via N'Djamena, s'écrasait au Niger, tuant les 170 passagers et membres d'équipage, dont 54 Français.
En 1999, six ressortissants libyens, dont un beau-frère du colonel Kadhafi, avaient été condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité lors d'un procès par contumace devant la cour d'assises de Paris. Ils font l'objet de mandats d'arrêt internationaux.
"Les langues vont se délier"
La Libye n'a jamais admis sa responsabilité dans l'attentat. Quant au colonel Kadhafi, "je n'avais pas les éléments me permettant de l'impliquer en tant que tel à titre personnel", a admis l'ancien juge.
Mais "les langues vont se délier", a-t-il affirmé. "Quand j'étais en Libye, un certain nombre de personnages ont reconnu officieusement que la Libye était derrière l'attentat contre le DC d'UTA". "Dans la lutte contre le terrorisme, le temps ne joue pas nécessairement contre l'enquête" beaucoup d'affaires qui ressortent", a-t-il commenté, en citant l'affaire Carlos ou les attentats d'Abou Nidal. "Pour l'affaire libyenne, l'Histoire va jouer pour la justice", a-t-il conclu.