La découverte d’une liste dans les archives de la Stasi a permis de rouvrir l’enquête sur le massacre du 10 juin 1944.
L’INFO. Près de 70 ans après les faits, un nouveau procès pourrait bien avoir lieu. En Allemagne, l’enquête se poursuit sur le massacre d’Oradour-sur-Glane, où une unité de la Waffen SS a tué 642 personnes, dont 205 enfants, le 10 juin 1944, et où le président allemand Joachim Gauk est attendu mercredi avec François Hollande. Il y a trois ans, l’enquête sur ce qui fut la pire atrocité nazie en France occupée a été rouverte.
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Un seul responsable jugé. Huit ans après les faits, des auteurs du massacre, dont des Alsaciens "Malgré-nous" ont été jugés par le tribunal militaire de Bordeaux, en 1952. Mais treize des "Malgré-nous" avaient été amnistiés une semaine après le verdict. Quant aux responsables du massacre, ils n’ont jamais été jugés, sauf un. Heinz Barth, mort il y a six ans, a été condamné en juin 1983 à Berlin-Est à la réclusion à perpétuité, puis libéré en 1997. Pendant son procès, cet ex-sous-lieutenant SS avait admis avoir commandé l’exécution de 20 habitants du "village martyr" de Haute-Vienne.
Une liste dans les archives de la Stasi. La justice aurait pu en rester là. Mais en 2010, dans le dédale des archives de la Stasi, la police politique d’ex-RDA, les autorités allemandes ont mis la main sur un précieux document : une liste de tous les soldats présents le 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane. Sur les 120 SS cités, certains sont encore vivants. Après des expertises médicales, le procureur Andreas Brendel se rend compte que la plupart sont trop séniles pour faire face à la justice, mais pour trois d’entre eux, l’enquête se poursuit. Andreas Brendel espère même les mettre en accusation d’ici la fin 2013.
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"On voyait ce qui se passait". En mars dernier, le procureur allemand s’est rendu à Oradour-sur-Glane, pour y amasser des preuves. "Sur place on peut comprendre où se tenaient les personnes", explique-t-il au micro d’Europe 1. "Du coup, ce soldat qui nous affirme qu’il ne sait rien, on peut le confondre, parce qu’on constate bien que de tous les coins du village, on voyait ce qui se passait et surtout comment ça se passait", souligne Andreas Brendel. Les trois hommes visés, aujourd’hui âgés de 87 et 88 ans, étaient de jeunes soldats en 1944. Pendant leurs auditions, ils se sont murés dans le silence ou ont assuré n’avoir pas vu qu’un massacre était en cours.