L'enquête sur le crash de l'avion d'Air Algérie a fait un bon cette nuit. L'épave a été localisée à environ 100 kilomètres de Gao, au Nord du Mali et à 50 kilomètres de la frontière avec le Burkina Faso. Qui contrôle cette zone troublée ? Comment l'armée française compte-t-elle sécuriser les lieux ? Et quels sont risques ?
>> Didier François, grand reporter à Europe 1, qui connaît parfaitement la zone, répond à ces questions.
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Quels sont les particularités géographiques de cette zone ? "Ce sont des immenses étendues, où alternent des déserts de sable et des massifs rocheux. Ce sont des zones très difficiles d'accès parce que les pistes y sont difficilement praticables. Par exemple, il n'est pas rare qu'il faille quatre heures pour faire 100 kilomètres."
Qui contrôle cette zone ? "C'est une zone dangereuse, dans la mesure où peu de gens la contrôlent. Elle est officiellement sous contrôle de l'armée malienne, mais qui est, en réalité, assez peu présente, même si elle y est. Il y a également des incursions des groupes touaregs dans la région. Et évidemment, des groupes djihadistes qui peuvent nomadiser. Les Français y font par ailleurs des patrouilles."
Quels sont les moyens des djihadistes dans cette zone ? "Ils ont des missiles portables qui n'ont ni la force, ni la portée pour abattre un avion qui vole à 10.000 mètres d'altitude. Ce sont des missiles qui tirent à 3.000, voire 5.000 mètres d'altitude maximum. Les gros engins, on n'en a jamais trouvé. Et s'ils les avaient déplacé dans cette zone, ça parait très délicat que les militaires français ne les aient pas repérés. L'hypothèse missile parait donc très difficile à considérer de manière sérieuse. Mais si c'est arrivé, ce serait très inquiétant."
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Comment l'armée va-t-elle procéder pour s'y rendre ? "L'essentiel des moyens utilisés sont des moyens héliportés. Les Français vont beaucoup utiliser d'hélicoptères pour se rendre sur zone. Et il y a des hélicoptères dans la région, puisque l'on n'est pas très loin de la ville de Gao, où se concentre l'essentiel des militaires français. Il s'agit du gros du dispositif français dans le nord du Mali : presque 950 hommes y sont déployés, ainsi qu'une douzaine d'hélicoptères. Il y a des moyens aériens aussi : des petits appareils capables de se poser sur des pistes extrêmement rudimentaires. Par ailleurs, ces petits avions sont médicalisés, on peut ainsi y mettre des équipes, avec des spécialistes. Donc les Français vont utiliser l'essentiel de ces moyens-là."
Quel sera le dispositif sur zone ? "Quand un crash se produit, on déclenche, d'un point de vue militaire, des "opérations Imex", qui sont des opérations d'extractions. C'est-à-dire que l'on envoie des commando parachutistes pour sécuriser la zone. En ce moment, ce sont les groupements commando parachutistes qui sont en alerte à Gao. Et si patrouille il y a, ce seront des patrouilles qui seront organisées de manière militaire. C'est ce qu'on appelle des patrouilles de reconnaissance offensive, parce qu'il y a des risques de tomber sur des mines ou des embuscades de djihadistes. Les Français seront donc obligés de mettre en place des opérations complexes, avec des démineurs en entrée de colonne, des forces assez robustes pour protéger les démineurs et le convoi. Ce sera monté comme une véritable opération militaire. On ne se déplace pas comme ça dans cette région là."