Le couvre-feu. Habituellement, Le Caire est une fourmilière. Une ville où le bourdonnement est permanent et la circulation et le bruit des klaxons incessants. Depuis que l’état d’urgence a été décrété en Egypte et qu'un couvre feu imposé par le pouvoir mis en place par l’armée qui a déposé l’ex-président Morsi, tout s’arrête passé 19 heures.
Les blindés quadrillent la ville. Policiers et militaires ont reçu l'autorisation d'ouvrir le feu sur tout "manifestant" hostile et plus de 800 personnes ont été tuées, des pro-Morsi pour l'immense majorité, en quatre jours. Dès la nuit tombée, lorsque la plupart des habitants sont rentrés chez eux, les militaires se déploient dans les rues et stationnent des blindés sur les principales artères de la ville, près des ponts et devant les bâtiments officiels.
"Il y a la peur, l’inconnu". Sali travaille pour une ONG. En temps normal, comme beaucoup d’habitants, elle préfère travailler en soirée pour éviter la chaleur. Aujourd’hui, elle ne prend plus de rendez-vous. "Je travaille de la maison, avec Internet. Je ne peux pas certainement pas aller en dehors du Caire. C’est impossible. Normalement, tu dois voir les choses, rencontrer les gens. Il n’y pas de routes, de voitures, de trains", a-t-elle raconté au micro d’Europe 1. "C’est difficile. Il y a la peur, l’inconnu. Cette fois, c’est différent qu’en 2011 (pendant la période Moubarak, ndlr). Les gens sont plus ou moins habitués à respecter les règles. Les jeunes veulent que la crise se termine le plus rapidement possible", a-t-elle assuré.
Les Cairotes, qui adorent faire leur shopping le soir et s'attarder dans les restaurants et cafés illuminés, ont changé leurs habitudes. Rares sont ceux qui bravent les interdictions de circuler, assure Sali. Parce qu’en dehors des partisans de Mohamed Morsi, les habitants de la ville sont conscients d’une chose : le retour au calme ne se fera qu’en acceptant les contraintes des militaires.
Le gouvernement interdit les comités populaires . Ces derniers jours, les "comités populaires" traquaient les Frères musulmans avec l'aval de l'armée et de la police. Ils disaient avoir intercepté des véhicules transportant des armes destinées aux "terroristes" -les Frères musulmans- et arrêter des voleurs. Le système est simple : quand un individu suspect est appréhendé, ils préviennent les soldats les plus proches avec un sifflet ou appellent l'agent des services de renseignement le plus proche sur son téléphone portable. Sinon, ils agissent seuls. Dans un volonté d’apaisement, la gouvernement a interdit ces milices. Après les avoir laissés agir pendant des jours, le gouvernement les a accusés dimanche de mener des actions "illégales".