La décision risque de provoquer un tollé. La justice belge a finalement donné son feu vert mardi à une remise en liberté de Michelle Martin, l'ex-femme du pédophile Marc Dutroux. Elle a en effet purgé 16 ans de prison, soit plus de la moitié des 30 ans de réclusion auxquels elle avait été condamnée. La décision du Tribunal d'application des peines de Mons est assortie de conditions : Michelle Martin doit notamment se "tenir à distance" des familles des victimes.
Cette femme de 52 ans se rendra dans un couvent, selon son plan de réinsertion, qui a été approuvé par le tribunal. C'est donc chez les sœurs clarisse, à Malonne, près de Namur, qu'elle ira, puisqu'elle n'a pas le droit de séjourner dans les provinces de Liège et Luxembourg, précise Le Soir.
Une précédente libération bloquée en France
L'abbesse du monastère, Sœur Christine, indique dans un communiqué avoir posé des conditions à la venue de Michelle Martin : "que la justice en cours dans notre pays soit intégralement respectée" et qu'il n'y ait pas de risque de récidive. "Sur ce point, nous faisons confiance aux enquêtes judiciaires". Affirmant avoir "envisagé la répercussion possible sur l'opinion publique, mais bien plus encore sur les parents des victimes", elle explique : "nous avons pensé que personne n'y gagnerait dans notre société si on laissait la violence répondre à la violence et faire ainsi boule de neige".
Une précédente demande de libération, déposée en mai 2011, avait été acceptée par le tribunal de Mons. Michelle Martin avait proposé d'aller vivre dans un couvent en France, mais le ministère français de la Justice avait bloqué cette option, arguant que l'ex-compagne du pédophile risquait de créer un trouble de l'ordre public.
Le ministère public belge a désormais 24 heures pour former un pourvoi en cassation contre la décision du tribunal de Mons, indique Sudpresse, précisant que les parties civiles ne le peuvent pas.
"On ne peut plus rien faire"
Jean-Denis Lejeune, le père de Julie, l'une des victimes de Marc Dutroux, est scandalisé par la décision. "Nous ne savons toujours rien du plan de reclassement qu'elle a proposé. J'en veux surtout au système. Elle et ses avocats ne font qu'exploiter la loi ", fustige-t-il auprès du Soir, ajoutant : "légalement, nous sommes dans un état d'impuissance. On ne peut plus rien faire".