L'INFO. Même l'exécution qui avait mal tourné en janvier n'avait pas été un tel supplice. Mercredi, un condamné à mort a succombé au terme d'une agonie sans précédent, dans l'Etat de l'Arizona aux Etats-Unis. Joseph Wood, 55 ans, condamné pour le double meurtre de son ancienne petite amie et du père de celle-ci en 1989, a été déclaré mort près de deux heures après le début de l'injection. Habituellement, il faut une dizaine de minutes pour que le condamné succombe.
Mêmes produits. En un peu plus de six mois, c'est la troisième exécution qui se déroule mal aux Etats-Unis. En janvier, dans l'Ohio, un condamné avait gémi pendant 26 minutes avant de mourir. Les mêmes produits ont été utilisés pour l'exécution de Joseph Wood.
Halètement, grognement, suffocation ... L'injection létale a commencé mercredi à 13h52 locales et le décès a été déclaré à 15h49, a indiqué une porte-parole du procureur général de l'Arizona Tom Horne. Il a "haleté", "grogné", "suffoqué et cherché sa respiration pendant environ une heure et quarante minutes", a dénoncé son avocat Dale Baich. Au bout d'un momment, il a décroché son téléphone en urgence pour demander à la Cour suprême qu'elle arrête l'exécution et pour que son client soit réanimé.
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Cette longue agonie a été suivie par une vague d'indignation. "L'Arizona semble avoir rejoint plusieurs autres Etats irresponsables dans une horreur qui était absolument prévisible", a fustigé Me Baich, rejoint immédiatement par un vacarme de dénonciations. "Les Américains en ont marre de cette barbarie", a fustigé Diann Rust-Tierney, de la Coalition nationale pour abolir la peine de mort. Alex Kozinski, un influent magistrat réputé de gauche, a poussé jusqu'à dire que "la guillotine serait sans doute préférable", en jugeant finalement que "le peloton d'exécution [serait] plus prometteur".
Des préparateurs en pharmacie non homologués. Joseph Wood avait plusieurs fois demandé à lever le voile sur le secret qui entoure la composition des barbituriques destinés à son exécution. En l'occurrence, l'Etat de l'Arizona a utilisé l'anesthésiant midazolam combiné à de l'hydromorphone, un dérivé de la morphine. Fin avril, c'est en Oklahoma qu'un prisonnier avait succombé dans d'apparentes souffrances 43 minutes après l'injection d'un cocktail de trois produits.
Dans les 32 Etats où la peine de mort est en vigueur, les autorités ont recours à des préparateurs en pharmacie non homologués pour fabriquer les produits d'injection, depuis le refus des fabricants européens d'en fournir à des fins d'exécution.
Plusieurs Etats songent sérieusement à rétablir les pelotons d'exécution. Pour résoudre ce problème, le Tennessee a rétabli la chaise électrique.