"Valeureux compagnon de lutte", "ardent militant anticolonialiste", "éminent avocat". Le président algérien Abdelaziz Bouteflika ne tarit pas d'éloges au sujet de Me Jacques Vergès, mort jeudi à l'âge de 88 ans. L'avocat à la pointe des luttes anti-colonialistes était l'un des juristes les plus controversés et redoutés du barreau de Paris.
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"C’est avec une très grande tristesse que j’ai appris le décès de notre valeureux compagnon de lutte Maître Jacques Mansour Vergès, ardent militant anticolonialiste, éminent avocat qui a marqué de son empreinte l’histoire du barreau", résume Abdelaziz Bouteflika en introduction de sa lettre publiée par l'agence APS.
"Le brillant et courageux combat qu'il a mené". Selon le président algérien, Jacques Vergès "a apporté une inestimable contribution à la lutte de libération de l'Algérie, notamment à travers le brillant et courageux combat qu'il a mené dans le cadre du collectif des avocats du FLN", a-t-il ajouté.
Jacques Vergès s'est en effet engagé pleinement dans la guerre d'Algérie. Il devient l'avocat du FLN et quitte le PCF en 1957, le jugeant "trop tiède" sur ce dossier. En 1963, il épouse l'héroïne de l'indépendance algérienne, Djamila Bouhired. "Défenseur des militants du FLN algérien condamnés pour avoir commis des attentats durant la bataille d'Alger, il épouse, après l'indépendance du pays, Djamila Bouhired, condamnée à mort puis graciée à la suite d'une campagne animée par l'avocat", résumait Le Monde en 2007.
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"Un homme de passion, de conviction et d'engagement". Outre l'engagement de Jacques Vergès en faveur de l'indépendance de l'Algérie, Abdelaziz Bouteflika salue aussi un "homme de passion, de conviction et d'engagement". "Au-delà de sa finesse d'esprit et de son talent oratoire, Jacques Mansour Vergès nous laissera le souvenir d'un homme de passion, de conviction et d'engagement, qui a toujours eu à cœur d'aller généreusement jusqu'au bout des causes qu'il soutenait, ne craignant pas de braver les préjugés les plus ancrés et l'opinion courante", souligne le chef de l’État algérien dans sa lettre.
Prenant pour cibles l’État, la société ou la Justice, pour défendre une cause autant qu'un client, Jacques Vergès, fin lettré, aimait en effet provoquer et déstabiliser. Le juriste français a également embrassé la cause palestinienne et défendu des personnalités sulfureuses comme le nazi Klaus Barbie, mais aussi le "révolutionnaire" Carlos ou le khmer rouge Khieu Samphan.
La prochaine promotion d'avocats d'Oran au nom de l'avocat. Face à la mort de cette personnalité du barreau, le président algérien confie ainsi son "chagrin". "En ce qui me concerne, s'ajoute le chagrin tout particulier que je ressens devant la perte d'un ami de longue date, cher à mon cœur, et dont je salue ici avec émotion la mémoire", rapporte, Abdelaziz Bouteflika. En la mémoire de l'avocat, le nom de Jacques Vergès sera attribué à la prochaine promotion d'avocats du barreau d'Oran, a par ailleurs annoncé samedi le bâtonnier, Me Ouahrani Lahouari.