L’INFO. La décision a surpris tout le monde. La justice russe a remis vendredi en liberté surveillée Alexeï Navalny, avocat, blogueur et opposant au président Vladimir Poutine, condamné la veille à cinq ans de camp. Jeudi, le tribunal de Kirov, à 900 km à l’est de Moscou, l’avait pourtant fait incarcérer immédiatement après l’annonce de la peine. Avant d’accéder dans la soirée à la demande de remise en liberté formée par le parquet. Retour sur ce coup de théâtre.
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Une nuit en détention. Alexeï Navalny a été condamné jeudi à cinq ans de camp pour son rôle dans une affaire de détournement de fonds, des accusations "absurdes" selon lui. Le parquet a ensuite présenté une requête surprise de remise en liberté surveillée de l’opposant. Au terme d’un long argumentaire, le juge de Kirov a fini par indiquer vendredi que cette demande devait être satisfaite. Alexeï Navalny et son co-accusé, Piotr Ofitserov, qui venaient de passer une nuit en détention, ont donc été libérés immédiatement. Les deux hommes sont remis en liberté jusqu’au résultat de leur procès en appel, dont la date n’a pas encore été fixée.
Une libération liée aux municipales. Le juge a expliqué les raisons de sa décision, liée au fait qu’Alexeï Navalny est candidat aux municipales à Moscou. "Le tribunal de première instance n’a pas pris en compte le fait que Navalny était enregistré comme candidat à l’élection du maire de Moscou, et que son maintien en détention le place en situation inégale face aux autres candidats", a assuré le magistrat. Pour certains observateurs, cette décision a été prise sous l’influence d’une partie des autorités russes, inquiètes de la perte de légitimité pour ce scrutin prévu le 8 septembre. Juste après sa condamnation, l’état-major de campagne de l’opposant avait notamment annoncé qu’il appellerait au boycott de l’élection.
Réactions dans le monde. Les autorités russes cherchent aussi sans doute à apaiser les partisans du blogueur, qui ont manifesté jeudi après l’annonce du verdict. Plus de 200 personnes ont été arrêtées dans la foulée. A l'étranger, la condamnation d’Alexeï Navalny a été très critiquée. Les États-Unis, déjà échaudés par l’affaire Snowden, se sont dits "profondément déçus". D’après le New York Times, une visite du président Barack Obama à Moscou annoncée pour début septembre pourrait même être remise en question.