L'INFO. Depuis plusieurs jours, Bangui connaît une flambée de violences meurtrières. Des tirs ont à nouveau été entendus dans la nuit de jeudi à vendredi dans la capitale. Mais leur origine reste pour l'instant inconnue, signe que la confusion est grande en Centrafrique où sont engagés 1.600 soldats français et les contingents de la force africaine (Misca).
Si le calme a de nouveau été retrouvé vendredi matin, le nombre de morts sur place ne cesse d'augmenter de jours en jours. Une centaine de corps ont été retrouvés dans la capitale depuis le début de la semaine.
>>> La situation n'a donc jamais été aussi tendue, confirme Sylvain Groux, chef de mission à Médecins sans frontières. Le général Bertrand Cavallier plaide pour une intervention des gendarmes mobiles sur place.
Un vif sentiment d'insécurité a gagné la population sur place dont les conditions de vie se sont considérablement dégradées. Les violences ont provoqué d'importants déplacements de population dans tout le pays, selon l'ONU. Près de 710.000 déplacés ont été comptabilisés sur tout le territoire. "Je suis dans le pays à plusieurs reprises depuis 2003 et c'est certainement une des situations les plus dures à vivre pour la population centrafricaine que j'ai pu voir. Ce n'est pas juste la situation sur Bangui. Cela fait maintenant près d'un an que la population, même à l'extérieur de Bangui, vit en brousse dans des conditions déplorables", alerte ce responsable humanitaire. Malgré l'arrivée des soldats français sur place, "il y a encore beaucoup de personnes qui ne se sentent pas en sécurité et qui fuient toujours, encore aujourd'hui, cette violence", ajoute-t-il.
Sylvain Groux : "Pour la population, la...par Europe1fr"La situation est plutôt vue par la population comme étant hors de contrôle, si on considère qu'encore aujourd'hui, des milliers de personnes ont dû se déplacer de leur quartier. Et ça continue de jour en jour", s'alarme Sylvain Groux.
Cette situation complexifie donc le travail de MSF en Centrafrique. "Pour nous c'est toujours une question de difficultés d'accessibilité, s'il y a des combats ou de la violence. Donc on doit évidemment faire attention pour que la sécurité de notre personnel ne soit pas mise en jeu", affirme Sylvain Groux. Mais parfois, le personnel humanitaire se retrouve dans des situations délicates. "On a des protocoles en place pour pouvoir gérer ces situations délicates et on essaie de minimiser ces situations en ayant de bons contacts avec les armées sur place mais aussi avec toute la communauté dans les zones où nous travaillons", explique ce responsable humanitaire.
>>> Pour faire face à cette insécurité croissante, le général Bertrand Cavallier, expert en maintien de l'ordre, préconise lui l'envoi d'escadrons de gendarmes mobiles.
"Ce qu'ils ont de plus, c'est que les militaires, en l'occurrence les parachutistes, ont une culture de combat, tandis que les gendarmes ont une culture de maintien de l'ordre, avec un emploi de la force très gradué, avec toute une logique de médiation, de relation avec la population", assure ce général, interrogé par Europe 1.
Les escadrons de gendarmerie sont, celui lui, "rompus à ce type de situation, de confrontation à des foules parfois violentes et doivent être déployés en premier échelon, c'est leur vocation même". "Dès lors que la situation devient trop dégradée, il peut y avoir un désengagement des gendarmes, et c'est l'armée de terre qui intervient. Alors ça, c'est le schéma, c'est le concept, mais c'est cela qui avait mis en place dans de nombreux théâtres, notamment en Côte d'Ivoire et au Kosovo", rappelle le général.
Près de 1.000 gendarmes mobiles ont déjà été engagés en Afghanistan. "C'est leur métier, ce sont des troupes très professionnelles, très robustes : la référence au niveau international", assure Bertrand Cavallier, qui conclut : "je ne doute pas du tout de leur esprit quant à leur capacité à être déployés dans ce type de contexte."