Le ton monte entre Paris et Laurent Gbagbo. Le président sortant refuse toujours de quitter ses fonctions à la tête de la Côte d’Ivoire et de laisser la place à son rival Alassane Ouattara. Un nouvel avertissement par l’intermédiaire de Michèle Alliot-Marie a été lancé dimanche. La ministre estime que Gbagbo doit retenir ses troupes s’il ne veut pas avoir des morts sur la conscience.
Sarkozy "n'a aucun ordre à donner"
Mais le président sortant remobilise ses troupes. Et pour l’aider, le ministre de la Jeunesse, le très populaire Charles Blé Goudé, arpente les quartiers pour "chauffer la jeunesse". "Il faut que Nicolas Sarkozy ouvre les yeux. La Côte-d’Ivoire n’est pas une sous-préfecture de la France et le président ivoirien n’est pas un sous-préfet", a prévenu Charles Blé Goudé, sur Europe 1, lundi matin. "Il n'a aucun ordre à donner à la Côte d'Ivoire, il peut demander à aider la Côte d'Ivoire à sortir de cette crise", a-t-il ajouté.
Au cours des trois derniers jours, les violences en Côte d'Ivoire ont fait plus de 50 morts et plus de 200 blessés, selon un dernier bilan annoncé par la Haut commissaire aux droits de l'homme de l'ONU qui a aussi fait état de "violations massives des droits de l'homme".
A Gbagbo de "faire un choix"
La France dispose, via la force Licorne, de 950 soldats en Côte d’Ivoire, tandis que l’ONUCI, la mission de l’ONU sur place, s’appuie sur 10.000 Casques Bleus. Des hommes dont Laurent Gbagbo a exigé le départ samedi alors qu'Alassane Ouattara a exigé leur maintien dimanche.
"M. Gbagbo n'a plus aujourd'hui les moyens de discuter avec l'extérieur (…) il lui revient dans les heures qui viennent de faire un choix : est-ce qu'il va être quelqu'un qui restera dans l'Histoire comme un démocrate (...) ou est-ce quelqu'un qui va laisser l'image de celui qui aura fait tirer sur des Ivoiriens?", a insisté la chef de la diplomatie française. "Monsieur Gbagbo, n’a plus aucune compétence, ni aucun pouvoir", a-t-elle souligné, rappelant que "les soldats de la Licorne ont un mandat très précis, mais ce n’est pas à eux de s’interposer et il ne le feront pas".
Des tensions en France aussi
"Ce que je crains beaucoup, c'est qu'il n'y ait un enchaînement de la violence", a confié Michèle Alliot-Marie. Les Etats-Unis, quant à eux, ont annoncé le départ de tous les employés présents dans leur ambassade.