La Croatie prend le chemin de l'Union

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B.P. avec agences , modifié à
Dimanche, les Croates ont dit oui à 67% pour rejoindre l'UE lors d'un référendum "crucial".

Vingt ans après son indépendance, la Croatie a vécu dimanche une nouvelle page de sa jeune histoire. Les quelque quatre millions d'habitants de la République de Croatie qui fait face à l'Italie ont soutenu leurs dirigeants pro-Européens. 67,11% d'entre eux ont dit oui pour rejoindre les 27, selon des résultats portant sur les bulletins dépouillés dans 25% des quelque 6.750 bureaux de vote ayant été ouverts, a annoncé la Commission électorale.

Avant de rejoindre officiellement l'Union européenne le 1er juillet 2013, la Croatie doit attendre que chacun des 27 Etats membres ratifient le traité d'adhésion pour entériner son intégration. Après la Slovénie en 2004, la Croatie sera la deuxième des six ex-républiques yougoslaves à adhérer à l'UE, une perspective offerte à l'ensemble des pays des Balkans occidentaux.

"Un grand jour pour la Croatie"

Avant le scrutin, les responsables politiques croates, unanimement pro-européens, avaient fait valoir que le vote en faveur de l'intégration dans l'UE était la décision la plus importante pour ce pays depuis l'indépendance obtenue au prix d'une guerre (1991-95) avec les rebelles serbes (20.000 morts).

"C'est un grand jour pour la Croatie", avait déclaré aux journalistes le président croate Ivo Josipovic après avoir voté à Zagreb. "Je me réjouis puisque, dorénavant, l'Europe deviendra ma maison", avait-il ajouté.
L'enthousiasme pro-européen, qui avait grimpé à plus de 80% dans les sondages en 2003, s'est estompé au fil des négociations (2005-2011) en raison des durs critères fixés par Bruxelles, dont l'intransigeance était parfois perçue comme du chantage, mais surtout en raison de la crise économique qui secoue l'UE.

Deux ans de récession

Les autorités s'étaient efforcées de dissocier la crise de la zone euro de la crise économique dont souffre la Croatie, allant jusqu'à assurer aux électeurs que l'adhésion leur apporterait "un environnement financier et macroéconomique stable (...), ce qui va relancer le développement de l'économie".

La Croatie a connu depuis 2009 deux ans de récession, et s'attend à une contraction de son économie cette année. Son PIB par habitant équivaut à 61% de celui de la moyenne européenne, mais le pays espère recevoir dans l'année suivant son adhésion à l'UE près de 450 millions d'euros, soit 1% de son PIB, de fonds pour financer des projets de développement. "Seul l'argent européen peut relancer la croissance de la Croatie", souligne Zdravko Petak, professeur de sciences politiques à Zagreb. "La Croatie n'a pas et n'aura pas (toute seule) l'argent pour financer les infrastructures, développer les zones rurales et financer les réformes du marché du travail".