Un site en plusieurs langues, des comptes Twitter et Instagram, une page Facebook et une application entièrement consacrée à l’événement : l’offensive sur les réseaux sociaux est digne des Oscars ou de la campagne présidentielle de Barack Obama. Il s’agit en fait du dispositif déployé pour les canonisations de Jean Paul II et Jean XXIII, qui auront lieu dimanche au Vatican. Pour l’occasion, le Saint-Siège a décidé de mettre le paquet sur le web.
Le pape aux 13 millions de followers. Le tournant a été pris dès 2012 avec l’ouverture du compte Twitter officiel du pape, qui compte pas moins de 13 millions de followers. Mais "c’est la première fois qu’il existe une telle combinaison de canaux digitaux", se félicite Daniele Toccaceli, qui a travaillé sur l’application dédiée à l’événement en tant que bénévole. Ce quadragénaire originaire de Rome – "où Jean Paul II était mon évêque !" – est chef de projet digital à Milan. Comme d’autres, il a mis gratuitement ses compétences au service du diocèse de Rome, qui chapeaute le projet.
"Internet, c’est notre monde aujourd’hui, et particulièrement celui des jeunes", insiste Daniele Toccaceli, confiant avoir travaillé en dehors de ses heures de bureau, parfois tard le soir, pour peaufiner cette application gratuite. Les utilisateurs y trouvent des informations pratiques, une carte interactive, ainsi que des textes liturgiques en version électronique. Le nom de l’application, "Santo Subito !", "canonisez-le tout de suite", n’a pas été choisi au hasard : après la mort de Jean Paul II en 2005, c’est avec ce cri de ralliement que des catholiques réclamaient la canonisation de leur pape.
Des étudiants en communication mobilisés. Quant aux clés des réseaux sociaux, comptes Twitter, Facebook, Instagram et YouTube, elles ont été confiées à une classe d’étudiants en communication, chargés de les animer, sous la houlette du diocèse. Samedi et surtout dimanche, jour de la double canonisation, ces petites mains du web vont "live-tweeter" l’événement en plusieurs langues, tout en donnant aussi des informations pratiques aux quelque cinq millions de pèlerins attendus à Rome, comme par exemple où trouver les écrans géants retransmettant la messe pour ceux qui ne pourront pas accéder à la place Saint-Pierre. Des messages qui sont évidemment approuvés par le diocèse de Rome.
The young social team of the event. #2popesaintspic.twitter.com/L35tQLHi7d— 2popesaints (@2popesaints) March 31, 2014
"Happy" à la sauce Vatican. Tout comme la trouvaille des volontaires pour dépoussiérer encore un peu plus la communication du Vatican : revisiter, comme des pompiers, infirmières et des habitants de villes aux quatre coins de la planète avant eux, le clip déjà culte de Pharrell Williams, "Happy". Au programme : religieuses sautillantes, curés dansant sur un scooter et break-dance chrétien avec une photo de Jean Paul II.
"Nous voulions nous adresser aux jeunes qui ont entre 15 et 30 ans et qui ne connaissent pas bien, ou pas du tout, ces deux papes", précise le père Stefano Cascio, du vicariat de Rome. Pour Daniele Toccaceli, tout ce dispositif très à la page n’est pas une question d’"image" pour le Vatican : "il s’agit de délivrer un message, sur le fait que deux personnes qui nous sont très chères vont devenir saintes, […] en utilisant le bon canal".
Jean Paul II aurait apprécié. Le bénévole assure avoir reçu d’excellents retours sur l’application, déjà téléchargée près de 2.000 fois selon lui. Il est même certain que le prédécesseur de Benoît XVI et de François aurait apprécié l’initiative 2popesaints, car une telle approche "était proche de son cœur". Une idée que martèle aussi le père Stefano Cascio, qui a affirmé à Radio Vatican que Jean Paul II et Jean XXIII, "grands communicateurs", doivent sans doute "bénir du ciel cette stratégie de communication".
MODE D'EMPLOI - Comment devient-on saint ?
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PROTOCOLE - Valls assistera à la canonisation