Les armes utilisées pour mener la répression en Libye sont en partie Françaises. Depuis près de quarante ans, la France fournit en effet le dictateur libyen Mouammar Kadhafi en batteries de missiles ou des avions de chasse. A titre d'exemple, les deux avions de chasse libyens en fuite à Malte lundi après avoir refusé de tirer sur la foule étaient des mirages F1 de Dassault aviation. Les pilotes avaient même été formés en France.
Tout commence en 1969, après le coup d'Etat de Mouammar Kadhafi. 82 avions de chasse sont alors vendus à Tripoli. Viennent ensuite des batteries de missile, des vedettes ou encore des réseaux de télécommunications. En 1989, ce business est interrompu pendant une dizaine d'années par un embargo international, conséquence de l'attentat contre le DC10 d'UTA. Le 19 septembre 1989, l'avion de ligne français assurant la liaison Brazzaville-Ndjamena-Paris, avait explosé en vol, au-dessus du désert nigérien du Ténéré. Il n’y a aucun survivant parmi les 170 passagers.
Les concurrents se bousculent
Pour Jean Guisnel, journaliste spécialisé, même si Kadhafi tombe dans les jours ou les mois à venir, l'échange armes contre concessions pétrolières perdurera. "Dans les deux cas, la Libye continuera à disposer de ressources pétrolières énormes donc la France continuera à avoir besoin de lui acheter du pétrole et la Libye continuera d'avoir besoin de se défendre voire d'attaquer ses voisins si ça lui chante. Donc elle achètera des armes. Les militaires français vous diront 'si elle ne nous achète pas à nous, elle achètera à d'autres', explique le journaliste au micro d'Europe 1.
Et les concurrents sont nombreux. La Chine, la Russie et même les Américains ont essayé de vendre des armes à Kadhafi. Ces derniers mois, la France avait même commencé à négocier près de deux milliards d'euros de contrat.
La polémique enfle
Cécile Duflot, secrétaire nationale d'Europe Écologie-Les Verts a dénoncé mercredi au micro d'Europe 1 une "politique scandaleuse". "Est-ce qu’il est normal de vendre des armes à un dictateur et à un personnage politique tel que Mouammar Kadhafi ?" a souligné Cécile Duflot. "Comment le gouvernement, qui s’est félicité de ces contrats de centaines de millions d’euros, peut aujourd’hui assumer cette situation ? " interroge-t-elle.
La secrétaire nationale d'Europe Écologie-Les Verts a rappelé que ce qui se passait aujourd'hui dans le monde arabe était "l’échec d’une politique et d’une vision cynique" de la France. "On doit pouvoir considérer les peuples des pays arabes comme des peuples libres, à égalité de droits entre eux", affirme Cécile Duflot. "Nous n’avons pas besoin pour tenir nos approvisionnements en pétrole ou en matières premières de nous appuyer sur des dictatures. C’est scandaleux d’avoir cette vision là. C’est irrespectueux vis-à-vis des populations des pays arabes".
De son côté, Ségolène Royal a demandé mardi l'ouverture d'une enquête parlementaire sur les ventes d'armes à la Libye.