La France aurait voulu aider Ben Ali

Nicolas Sarkozy et Ben Ali, avant une réunion dans le palais présidentiel de Carthage, en avril 2008.
Nicolas Sarkozy et Ben Ali, avant une réunion dans le palais présidentiel de Carthage, en avril 2008. © Reuters
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avec Emilie Denètre , modifié à
Un avion est bloqué à Roissy, plein de matériel de maintien de l'ordre. Le gouvernement confirme.

Problème technique ou politique ? Un avion qui devait décoller pour Tunis est bloqué à l’aéroport de Roissy depuis vendredi, jour de la révolution du Jasmin. A son bord, "de l’équipement de police, des protections, des matraques, des grenades lacrymogènes, et toutes les choses utilisées par les forces de l’ordre quand il y a des grosses manifestations", témoigne, au micro d’Europe 1, Jean-Dominique Merchet, journaliste et auteur du blog "secret défense", sur le site de Marianne 2.

Ben Ali passe commande à une société française

Or tout ce matériel aurait été commandé par le gouvernement de Ben Ali à une société française, "spécialisée dans l'exportation d'uniformes et d'équipement de police", précise Jean-Dominique Merchet sur son blog, afin de réprimer les émeutes.Ce type de commandes "se fait avec l'aval du gouvernement", ajoute le journaliste-blogueur.

Mais vendredi dernier, l’avion n’a jamais décollé, "bloqué sous prétexte de difficultés techniques et douanières", raconte le journaliste, sur Europe 1."L'Elysée ne souhaitait plus soutenir Ben Ali", selon Jean-Dominique Merchet.

"Un appel de l’Elysée"

"L'avion devait partir en fin de matinée et les douaniers se sont soudain montrés très pointilleux, ce qui a conduit le patron du groupe à se rendre sur place. Il a alors reçu un appel d'une haute autorité de l'Elysée, lui signifiant que cette livraison était hors de question", précise-t-il sur son blog.

Quelques heures plus tard, Ben Ali fuyait la Tunisie. La France aurait donc senti le vent tourner, et se voyait dans l’impossibilité de soutenir le dictateur déchu. "C’est une décision politique de vendre, et c’est surtout une décision politique de ne pas vendre", insiste Jean-Dominique Merchet, sur Europe 1.

Le gouvernement dit avoir "intercepté" le matériel

Le porte-parole du gouvernement François Baroin a confirmé les informations du journaliste-blogueur. Le gouvernement a "intercepté" à l'aéroport de Roissy du matériel commandé à une entreprise française par le régime de l'ex-président tunisien peu de temps avant sa chute, a-t-il déclaré mercredi. "Ben Ali a demandé du renfort et ce matériel n'est pas parti", a ajouté François Baroin, qui ne s'est pas prononcé sur l'implication du gouvernement dans la commande.

La position de la France à l’égard de la Tunisie, son ancien protectorat, est décidément bien ambiguë. Paris n’a pas envoyé de forces de l’ordre en Tunisie, comme l’avait proposé Michèle Alliot-Marie, mais le gouvernement aurait donc souhaité soutenir Ben Ali, avant de retourner sa veste.