Après les bombardements à Homs en Syrie qui ont tué deux journalistes mercredi, dont un Français, les diplomaties occidentales sont montées au créneau. En première ligne, Paris a réclamé aux autorités syriennes "un accès sécurité" pour porter secours aux victimes et a convoqué l'ambassadrice syrienne en France.
La France, par l'intermédiaire d'Alain Juppé, le ministre des Affaires étrangères, a exhorté Damas à respecter "les obligations humanitaires" qui s'imposent à lui. "J'ai demandé à notre ambassade à Damas d'exiger des autorités syriennes un accès sécurisé et médicalisé pour porter secours aux victimes avec le soutien du Comité international de la Croix-rouge (CICR)", a expliqué le chef de la diplomatie française à l'issue du conseil des ministres.
De son côté, Nicolas Sarkozy a une nouvelle fois réclamé le départ du président syrien, Bachar al-Assad. "Ça montre que maintenant ça suffit, ce régime doit partir il n'y a aucune raison que les Syriens n'aient pas le droit de vivre leur vie, de choisir leur destin librement", a affirmé le président français.
Des entrées via le Liban, la Turquie, la Jordanie
Paris répond ainsi à une demande formulée par le Conseil national syrien (CNS). La principale instance de l'opposition syrienne a réclamé, mercredi, la création de "zones de protection". Une revendication qu'elle défendra vendredi à Tunis lors de la conférence des amis du peuple syrien, en compagnie des représentants de plus de cinquante pays. "Nous appelons les amis de la Syrie à prendre des mesures supplémentaires pour la sauvegarde du peuple syrien en créant des zones sécurisées dans les régions frontalières et en protégeant les réfugiés qui viennent y chercher refuge", dit le CNS dans une déclaration. Ces zones sécurisées doivent l'être "sous les auspices de l'ONU, si possible". La porte parole se rendra également mercredi à Genève en Suisse pour rencontrer les responsables du Comité international de la Croix-Rouge.
Selon la porte-parole du CNS, Basma Kodmani, il s'agit notamment de venir en aide à Homs depuis le Liban, à Idlib depuis la Turquie et à Deraa depuis la Jordanie.
Les Russes disent non
Reste à convaincre les Russes qui, eux, ont rejeté mercredi l'idée de "couloirs humanitaires", estimant au contraire qu'ils ne feraient qu'"aggraver le conflit", a déclaré, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Guennadi Gatilov. "Il est peu probable que la création de ces couloirs humanitaires soit efficace", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse.
"C'est une question très compliquée. D'après ce que nous comprenons, il est question mettre en place certains mécanismes et des forces pour pouvoir accomplir cette tâche", a-t-il ajouté. "En raisonnant logiquement, cela exige probablement un recours à la force en fonction de la tournure que prendront les événements", le chef de la diplomatie russe.
Signe que la tension est de plus en plus palpable avec le régime russe, le roi Abdallah de Jordanie a fait savoir, mercredi, au président Dmitri Medvedev que tout dialogue sur la crise syrienne était désormais "vain".
"Une intervention militaire ou une guerre civile"
Si l'idée d'une option militaire n'a pour l'instant pas fait son chemin, le CNS est depuis de plus en plus pressé par la rue qui réclame une intervention militaire internationale. Désormais, la principale instance de l'opposition syrienne n'exclut rien. "Nous avons exploré toutes les options (autre que l'option militaire) et attendions que la Ligue arabe épuise tous les options. Aucune n'a donné de résultat", a-t-elle expliqué. "Nous avons le choix entre deux maux : une intervention militaire ou une guerre civile".