La grève générale contre la rigueur a dégénéré mercredi à Athènes. Et ce, alors que l'état "d'alerte générale" avait été décrété. Cette mesure rarement employée, consiste à mobiliser toutes les forces de police disponibles et à rappeler les policiers en congés.
Plusieurs bâtiments incendiés
De violents affrontements ont éclaté. Plusieurs dizaines de jeunes portant des cagoules ont lancé des cocktails Molotov dans les rues d'Athènes. Un groupe a brisé la vitrine d'une agence de la banque Marfin et jeté une bouteille incendiaire, mettant le feu au bâtiment alors qu'une vingtaine de personnes se trouvaient à l'intérieur. Trois personnes, deux femmes et un homme, ont péri dans les flammes et cinq personnes ont été transférées dans un hôpital de la capitale.
Les forces de l'ordre entendaient "arrêter les coupables" de l'incendie, alors qu'une certaine "accalmie" régnait en milieu d'après-midi. Preuve de la défiance qui règne, les manifestants sont retournés devant la banque et ont voulu vérifier qu'il y avait bien trois victimes, afin de ne pas être accusés à tort. Manifestants et journalistes ont été rapidement dispersés au gaz lacrymogène.
Deux autres bâtiments administratifs du centre d'Athènes, un bureau du fisc et une antenne de la préfecture, ont également été incendiés par des cocktails Molotov, a ensuite annoncé la police. Là aussi, les flammes ont été éteintes par les pompiers.
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Affrontements devant le Parlement
Des violences ont également éclaté devant le Parlement grec, où la commission des Affaires économiques examinait mercredi le plan d'austérité sans précédent adopté dimanche par le gouvernement en échange d'une aide financière de 110 milliards d'euros sur trois ans du Fonds monétaire international (FMI) et de la zone euro. Après un face à face tendu, des heurts ont opposé jeunes et policiers en tenue anti-émeutes. Les policiers ont riposté par des gaz lacrymogènes, dont les vapeurs ont envahi tout le centre de la capitale, les manifestants se sont ensuite dispersés. En milieu d'après-midi, les forces de l'ordre étaient toujours fortement déployées, à la recherche des auteurs des troubles.
"Au bord du gouffre"
Le président grec Carolos Papoulias a réagi à la violence des affrontements. "Notre pays est au bord du gouffre", a-t-il affirmé. "Nous avons tous la responsabilité de ne pas faire le pas de trop, qui nous précipiterait dans le vide", a ajouté le chef de l'Etat dont le rôle est essentiellement protocolaire, mais qui est aussi perçu comme le garant des institutions.