Une étape vers la cyberguerre a bien failli être franchie. De hauts responsables militaires ont envisagé un temps de lancer une cyberattaque contre la Libye, avant de préférer finalement des types de combats plus classiques, révèle le New York Times mardi. Le principe : en rentrant dans les réseaux informatiques du régime de Kadhafi, les cybercombattants auraient perturbé, voire désactivé le système de défense aérienne du gouvernement Kadhafi.
L'idée a été écartée avant d'atteindre les plus hautes sphères de la Maison Blanche. Les experts militaires américains ont invoqué le fait que l'offensive n'aurait peut-être pas pu être prête à temps : à l'époque, le temps pressait et le bastion rebelle de Benghazi était menacé par les forces de Kadhafi.
La question de l'aval du Congrès
Car une cyberattaque est complexe à mettre en place et nécessite d'identifier les failles de la cible visée. "C'est un peu comme si vous tâtonniez dans le noir pour trouver la poignée de la porte", selon James Andrew Lewis, spécialiste des questions de technologies et de sécurité interrogé par le New York Times.
Une autre raison est citée pour expliquer l'abandon de ce projet : les militaires n'ont pas réussi à déterminer si Barack Obama aurait pu lancer une telle offensive sans l'aval du Congrès, nécessaire pour permettre au pays d'engager des hostilités.
Ne pas créer un précédent
Mais les autorités ont surtout considéré qu'il était dangereux de franchir le pas et de créer ainsi un précédent, particulièrement pour la Russie et la Chine. Mais la question de la cyberguerre semble désormais entrée dans les esprits. "Ces cybercapacités sont un peu comme une Ferrari qu'on laisserait au garage et qu'on ne sortirait que pour les grandes courses, et pas pour aller faire un tour en ville, sauf si vous ne pouvez pas faire autrement", selon James Andrew Lewis.
En 2003, l'administration Bush a envisagé de s'en prendre au système financier irakien avant d'envahir le pays, rapporte le Washington Post. L'idée a été écartée car les autorités craignaient des dommages collatéraux dépassant la cible initiale.
Mais dans les faits, la boîte de Pandore a déjà été ouverte, notamment avec le virus Stuxnet l'an dernier. Ce virus qui s'est répandu en Iran a causé de lourds dégâts à l'industrie iranienne, et notamment à sa centrale nucléaire de Bouchehr. Et si les auteurs n'ont jamais été identifié, de nombreux éléments laissent penser qu'il s'agit d'un projet mené par Israël et les États-Unis.