L’INFO. Sous la steppe, de l’or. Les Mongols se rendent aux urnes mercredi pour élire leur nouveau président. Un enjeu majeur se cache derrière cette élection : l’ouverture ou non du secteur minier aux investisseurs étrangers. Un sujet qui divise le pays, très convoité par ses voisins chinois, russes mais aussi par les Australiens.
Objet de toutes les convoitises. Coincée entre la Chine et la Russie, la Mongolie peine à trouver son modèle. Mais qu’à cela ne tienne, ses voisins ont pris les devants en la poussant dans une voie controversée : devenir une mine à ciel ouvert géante. Connue pour sa steppe et ses yourtes, la Mongolie, surnommée "le pays au ciel" bleu, est au cœur des convoitises des grandes compagnies minières. Outre la Russie et la Chine, les Australiens et les Canadiens lorgnent, eux aussi, le sous-sol extrêmement riche de cette gigantesque république.
Un tiers environ des revenus de l'Etat mongol. Le géant anglo-australien Rio Tinto et le canadien Turquoise Hill Resources ont investi quelque 6,2 milliards de dollars dans la mine d'Oyu Tolgoi et prévoient d'en tirer 450.000 tonnes de cuivre et 330.000 onces d'or chaque année. Il s’agira alors d’une des plus grandes mines de la planète. Une manne qui devrait fournir en 2019 un tiers environ des revenus de l'Etat mongol.
Mais les premiers contingents de minerai de cuivre attendus à l'exportation ont enregistré une série de retards, le dernier la semaine dernière, pour cause de mésentente entre Rio Tinto et le gouvernement mongol, notamment sur les conditions de rapatriement des bénéfices.
La redistribution des ressources au cœur des débats. C’est bien là que le bât blesse : quid des retombées économiques de l’exploitation minière ? La Mongolie a enregistré une croissance de 12,3% en 2012, après 17,5% en 2011, grâce au boom minier. Les réserves minières sont évaluées à plus de 1.000 milliards de dollars, en grande partie du charbon. Mais beaucoup s’inquiètent du déséquilibre de la redistribution des ressources. Un sujet qui a occupé une place centrale dans la campagne présidentielle ces dernières semaines.
Les trois candidats en lice pour le poste de président assurent vouloir oeuvrer à une meilleure redistribution de ce soudain afflux de richesse, à l'origine de fortunes colossales dans un pays où le salaire moyen avoisine les 200 dollars. Le favori, le président sortant Tsakhia Elbegdorj a précisé que s’il était réélu pour un nouveau mandat de quatre ans, il poursuivrait sa politique libérale d'ouverture aux capitaux étrangers.
Pollution et sédentarisation. Mais ce boom minier n’est pas sans conséquences sur l’environnement et le mode de vie mongols. La frénésie d'investissements a gagné la capitale, Oulan-Bator, qui s'est métamorphosée avec gratte-ciel et centres commerciaux luxueux, tout en détenant le triste record de deuxième capitale la plue polluée du monde, selon l'OMS.
Avant le boom minier, la grande majorité des 2,8 millions de Mongols, très dispersés sur ce pays grand comme trois fois la France, vivait la vie des nomades à cheval, héritiers lointain de l'empire de Gengis Khan, parvenu jusqu'au coeur de l'Europe il y a 800 ans.