Il est 15h26 lorsque le 22 juillet, une énorme déflagration ébranle le centre ville d'Oslo. Le cœur de la capitale norvégienne vient d'être frappé par un attentat. Des débris de verre jonchent le sol. Une bombe a explosé dans le quartier qui abrite certains ministères, dont les bureaux du Premier ministre et les rédactions de grands journaux. Quelques instants plus tard, une seconde explosion a lieu dans un des immeubles du quartier.
Dans le même temps, sur la paisible île d'Utoya, un homme déguisé fait irruption dans la foule et tire sur les jeunes travaillistes norvégiens qui sont réunis en meeting, à moins de 40 kilomètres de la capitale.
Le bilan de ces deux attaques : 77 morts. Le tueur n'est autre qu'Anders Behring Breivik, 32 ans, "un fondamentaliste chrétien". L'homme est, par ailleurs, un ancien membre de la formation de la droite populiste, le parti du Progrès (FrP), et de son mouvement pour la jeunesse.
Juste avant la tuerie, Anders Breivik a diffusé sur Internet un manifeste de 1.500 pages dans lequel il se présente comme un croisé engagé dans une lutte contre l'islam et le marxisme. Dans ce document, le Norvégien détaille les préparatifs de son action, évoquant "l'usage du terrorisme comme un moyen d'éveiller les masses" et dit s'attendre à être perçu "comme le plus grand monstre depuis la Seconde guerre mondiale".
Troubles psychotiques
Au mois de novembre dernier, les experts psychiatriques, chargés de trancher sur son cas, ont déclaré qu'il n'était pas responsable pénalement. Ce qui signifie qu'il y aura un procès Breivik mais qu'à son issue, s'il est effectivement déclaré irresponsable, Anders Behring Breivik ne devrait pas être emprisonné mais interné en hôpital psychiatrique.
"La conclusion est (...) qu'il est fou", a expliqué le procureur Svein Holden lors d'une conférence de presse. "Il vit dans son propre monde délirant et ses pensées et ses actes sont déterminés par cet univers", a-t-il ajouté, expliquant que Breivik avait développé une schizophrénie paranoïaque et était atteint de troubles psychotiques au moment des faits. "Les experts ont décrit une personne qui se trouve dans un univers illusoire où tous ses pensées et ses gestes sont régis par ses illusions", a encore déclaré le procureur Svein Holden.
La Norvège garde sa philosophie
Dans le pays qui remet chaque année le Prix Nobel de la paix et où les policiers ne sont pas armés, cette attaque a suscité l'effroi de la population norvégienne. Elle a ainsi poussé le pays à s’interroger sur sa politique de sécurité. Le gouvernement a débloqué 2,6 millions d’euros pour la création d’une centaine de postes de policiers.
Mais le pays n'est pas prêt à renoncer à ses valeurs d'ouverture et de tolérance. Le roi Harald V, d’ordinaire peu impliqué dans les affaires courantes, est sorti de sa réserve habituelle pour appeler le pays à ne pas se métamorphoser. "Je reste fidèle à ma conviction que la liberté est plus forte que la peur, a-t-il déclaré. Je reste fidèle à ma foi en une démocratie norvégienne ouverte".