Après la tuerie d'Oslo, le pays n’est pas prêt à renoncer à ses valeurs d’ouverture et de tolérance.
C’est un symbole. Un milliardaire norvégien a fait mercredi un don de 600.000 euros pour que l’île d’Utoeya, théâtre du massacre de vendredi, redevienne un petit paradis. Petter Stordalen, qui a fait fortune dans l’hôtellerie, veut en effet que l’endroit soit "de nouveau associé à la joie, l’unité et l’optimisme".
Un désir symptomatique dans le pays qui remet chaque année le prix Nobel de la Paix, où les policiers ne sont pas armés et où il n’y a pas de vigiles dans les musées. Au lendemain des attaques qui ont fait 76 morts, le maire d’Oslo appelait à punir le meurtrier. "Et sa punition, ce sera plus de générosité, plus de tolérance, plus de démocratie", a déclaré l’élu. Car la Norvège n’est pas prête à renoncer à son modèle, souvent cité en exemple à l’étranger.
La police critiquée
Comme le souligne Cyril Coulet, chercheur à l’Institut suédois de relations internationales, dans Le Point, "la population norvégienne n'est pas dans une logique de répression, ni dans une recherche de responsabilité". Aucune réaction haineuse n’a en effet été relevée lors des hommages aux victimes.
Le temps d'intervention de la police sur l'île d'Utoeya a cependant suscité des critiques. Un rescapé a ainsi déclaré que la police "avait mis un temps fou" à répondre aux appels à l'aide. En cause notamment, les bateaux des forces de l'ordre, dont l'un a connu une panne de moteur et retardé l'arrivée du commando.
Politique de sécurité
Ces attaques meurtrières poussent aussi la Norvège à s’interroger sur sa politique de sécurité. Le gouvernement va ainsi débloquer 2,6 millions d’euros pour la création d’une centaine de postes de policiers. Et une commission indépendante sera chargée de tirer toutes les leçons des attaques pour. Sans pour autant sacrifier l’âme du pays.
Le Premier ministre, Jens Stoltenberg, plébiscité par la population, a donc exhorté ses concitoyens à "conserver leurs valeurs". Le roi Harald V, d’ordinaire peu impliqué dans les affaires courantes, est sorti de sa réserve habituelle pour appeler le pays à ne pas se métamorphoser. "Je reste fidèle à ma conviction que la liberté est plus forte que la peur, a-t-il déclaré. Je reste fidèle à ma foi en une démocratie norvégienne ouverte".